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brèves de classe
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7 mai 2012

arthur

La maîtresse ne peut pas évoquer le comportement  d'Arthur avec son papa,

lui même en difficulté à la maison.

Ces derniers mois, la maîtresse a pris sur elle, 

même si elle sait que les parents sont des alliés précieux.

Finalement elle avait abordé le sujet avec Lise, la belle-mère d'Arthur.

Ce soir elles se rencontrent dans la classe.

Après avoir fait un tableau du jojo, elle évoque ses difficultés :

Il s'agite beaucoup dans la classe, bavarde souvent;

il n'est jamais tout à fait dans la classe;

Il a beaucoup de mal à se centrer sur le travail.

Arthur revendique : 

"Aujourd'hui j'ai trouvé la bonne réponse, si si, et les autres non!

- A la maison il demande beaucoup d'attention, explique Lise.

La maîtresse précise : Elle aime tous ses élèves, mais pas comme une maman.

Cependant , elle veut bien le concéder, Arthur a peut-être besoin de compliments,

elle le voit bien à sa manière de se tortiller  sur sa chaise.

Au bout de 20 mn Arthur quitte la classe en embrassant la maîtresse ,

un peu étonnée par cet élan afffectif inhabituel.

Lise raconte:

La maman d'Arthur a quitté la maison

"avec le chat mais pas avec moi" avait dit Arthur.

Cette maman aime follement sa fille, née de son deuxième mariage ,

mais rien pour son fils..

Le coeur de la maîtresse se serre et elle est touchée par ce chagrin.

    Elle sait, elle aussi , qu'un départ peut résonner comme un abandon et

   générer un sentiment de culpabilté.

   Elle sait combien cela peut être ravageur.

   Il lui aura fallu la moitié de sa vie pour se relever de la si grande douleur.

   Un enfant croit créer le monde en naissant et les évènements ont lieu grâce à lui ou à cause de lui.

   Un départ ,c 'est parce qu'on a été un méchant enfant,

   c'est parce qu'elle fut une méchante fille...

   Voilà ce qu'elle a trouvé au bout du voyage à la rencontre de son moi-enfant.

   Ecouter l'enfant qu'elle fut lui permet aujourd'hui d'entendre vraiment ses élèves.

   Elle ressent leur chagrin  et parfois elle est obligée

   de détourner la tête pour dissimuler son regard humide.

   Mais la maîtresse ne veut pas être soulagée de cette empathie car

   l'Humanité protège de l'inhumanité.

   Jeudi elle  laissera son enfant intérieur parler avec Arthur.

   Elle essaiera de planter des questions en lui et non ses certitudes à elle

   (comme elle a tendance à le faire par maladresse)

   car elle doit juste lui montrer le chemin et non l'y jeter.

Lise ajoute qu'à la fois il souhaitait , chaque matin, apprendre l'absence de la maîtresse

car la classe ça reste difficle pour lui,

et en même temps il aime la liberté que sa maîtresse laisse à ses élèves.

Arthur aime beaucoup les poèmes, il en recopie, il en écrit.

Il en a écrit un  sur son papa et après l'avoir lu en classe, il l'a lu à son papa.

 Lise est touchée par cette veine sensible dont elle auréole la maîtresse.

Justement, la maîtresse raconte qu'aujourd'hui il a lu un poème à la classe.

Un poème pas ordinaire.un poème plus libre. Un poème plus noir.

Karim a dit que son poème parlait de la tristesse.

La maîtresse s'était demandée d'où venait ce chagrin.

Maintenant elle sait que c'est sérieux.


La maîtresse a un rendez-vous important après-demain.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
E
Je découvre grâce à ton message déposé sur mon blog et ça résonne profondément en moi... mon métier de maîtresse tel que je le vis, tel que je le vois, tel que je le conçois aussi face à ses enfants, déjà parfois ravagé... j'espère que ton "rendez-vous" s'est bien passé. Comme tous les mardis et vendredis (je suis à mi-temps cette année), je vais retrouver parmi mes 23 élèves, mon Abdelmalik et nous allons tenter de passer une nouvelle journée, ensemble, dans une classe, en sécurité, sans crise, sans colère, on va même essayer d'être un élève, parfois, très peu de temps, mais on va essayer et on ne va surtout pas penser pendant ce temps là, que son dossier MDPH n'est toujours pas parti, qu'il va au CP l'année prochaine, sans aide alors qu'il est dans une telle souffrance psychologique qu'il est encore à mille lieux des apprentissages scolaires tels qu'ils sont demandés... Bonne fin de semaine
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