les tigresses
Des larmes à 8h30,puis à 10h20.
De vieilles rancoeurs invoquées.
Grosse bagarre dans les toilettes.
Défouloir , crachats, insultes:
les filles ont tiré des cheveux, frappé,
fripé des vêtements. Deux bandes
qui se sont affrontées .
Deux bandes qui génèrent
des querelles de parents.
Deux hordes qui se défient,se jalousent
depuis le début de la primaire, deux clans qui se répartissent
équitablement entre la classe de la maîtresse et celle de sa collègue.
Elle a fait connaissance avec les deux gangs dès les 1ers jours de septembre.
Elle a écouté, apaisé parfois, fait des rappels à la loi.
Elle a toujours tenté de rester objective dans cet imbroglio, luttant contre la facilté
qui serait de prendre parti pour ses élèves.Sa voisine, elle, refuse d'écouter
les chamailleries, écarte les querelles d'un revers de la main invoquant les défauts
de ses élèves à elle, la maîtresse. Et les siens seraient-ils irréprochables?
Grosse bagarre dans les toilettes à 10h20.
Après les insultes et les coups, il va falloir revenir jusqu'aux origines de la haine.
Si les filles se laissent guider...
La maîtresse réunit les 3 filles qui semblent être les protagonistes:
2 de la classe voisine et une miss de la sienne.
L'une démarre le récit et la maîtresse les questionne:
Finalement, en démêlant la pelote, le fil de l'histoire se déroule
sous les yeux amusés de la maîtresse:
Donc au tout début, à 8h20, à l'ouverture de la grille,
Judith a enlacé Héléna .
Aline, la meilleure amie d'hénéna, l'a vue et elle assure que
Judith a regardé Aline en la narguant,
D'un air de dire :"voilà maintenant
c'est MA meilleure amie à moi !"Droite
Mais Aline a -t-elle imaginé
les regards narquois?
Héléna comme un objet
dont on peut se sentir dépossédé.
Oui c'est vrai, admet Aline,
l'imagination est folle.
Oui , le problème c'est cette jalousie . Jalousie à l'origine de la violence .
Est-ce que personne ne doit s'approcher de ta meilleure amie
ou est-ce que c'est à toi de réfléchir à ta jalousie?
La deuxième possibilité...raisonne Aline.
La jalousie. N'y a t-il pas de sentiment plus humain que la jalousie?
La maîtresse se souvient de sa douleur d'enfant à l'idée de partager les êtres aimés,
du désarroi qui se dissimule derrière un sentiment tant décrié.Alors elle donne quelques billes:
- C'est un peu comme la petite fille qui ne veut pas partager sa maman .
Judith se souvient:
- Moi en vacances mes parents avaient emmené ma grande copine en vacances
et ils s'occupaient plus d'elle que de moi. Alors je faisais que des bêtises,
je sautais sur les lits, je criais. Tout ça juste pour qu'ils s'occupent de moi!!!
Grande clairvoyance de l'enfance ...