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brèves de classe
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23 novembre 2014

Alain

Alain est un grand gaillard à la carrure imposante. C'est un camarade agréable qui s'accocomode

de ses successifs changements de places liés aux tâtonnements de la maîtresse..

Nonchalant au travail, les exercices ne sont pas toujours terminés.

Alain s'adresse à la maîtresse avec lenteur et un maniérisme qui l'amuse .

Alain écrit beaucoup dans son cahier du matin  et

lit ses textes à la classe. Avec délice.

Il évoque ses animaux, son ancienne école et la nouvelle, son île.

Alan regarde avec étonnement ses camarades rire de bon coeur ou se taire .

Car ces textes sont pleins d'humour et d'une douce sensibilité.

L'écrit s'imprime de manière particulière dans ce cahier du matin

révèlant une personnalité que lui-même découvre.

Un matin, Alain n'ayant pas compris le verbe pronominal, la maîtresse l'interroge

lors de la correction pour le remettre sur la piste .

Mais elle voit Alain baisser le regard, elle remarque ses joues se gonfler et devine: Alain pleure.

Pour ne pas le mettre sous le feu des projecteurs, pour ne pas laisser la classe en plan,

la maîtresse poursuit, donne la parole aux autres .

En dehors de la classe et du regard des camarades, la maîtresse en profite pour questionner l'enfant:

- Pourquoi tu pleurais? J'ai pas compris.

- je croyais que les autres étaient plus fort que moi...

Par la suite, Alain pleure souvent en classe.  Comme un refus de travailler.

Comme une douleur de se mettre en route sur le chemin des apprentissages.

Comme pour fuir une émotion qui lui faire perdre les mots

si truculents et justes sous sa plume.

 

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Commentaires
T
Alain ressemble beaucoup à mes deux loulous<br /> <br /> PS : j'ai essayé 10 fois d'envoyer ce message mais Canalblog est bien capricieux ces jours-ci avec mon ordi.
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C
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai envie de réagir à ce billet qui me touche fort...<br /> <br /> <br /> <br /> Ayant quitté les bancs de l'école depuis fort longtemps, mais en gardant le souvenir amer des complexités grammaticale, je ne peux qu'avoir de la compassion envers Alain.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas ce qu'est un verbe pronominal (je pense même ne l'avoir jamais su) et cela ne m'a jamais manqué de ne pas savoir nommer ce qui s'est acquis "naturellement" par la pratique. Ayant voulu réparer cette lacune à l'instant, après avoir lu ce billet, j'ai trouvé que l'explication en était très abstraite et fort fastidieuse. Hormis pour les linguistes et grammairiens, je me demande à qui ce savoir est utile. De ce fait j'ai une pensée pour les enseignants, en me demandant où ils trouvent la force et la foi nécessaires pour transmettre ce genre de choses qui, si elles ont une utilité qui m'échappe, ne me semblent absolument pas nécessaires à la vie. Et je plains tous ces enfants qui se sentent en échec de ne pas comprendre…<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si Alain pleure par refus de travailler et à « se mettre en route sur le chemin des apprentissages » mais mes propres souvenirs affluent et c'est surtout l'incompréhension qui me revient en mémoire. Une vraie colère, aussi, à m'être senti contraint de passer par des méthodes abstraites qui ne correspondaient pas avec ma façon d'apprendre, beaucoup plus sensitive, émotionnelle, intuitive. Les mots d'Alain lui viennent naturellement sans cet apprentissage et je comprend qu'il se sente désemparé et amoindri.<br /> <br /> <br /> <br /> PS : ce commentaire ne se veut absolument pas agressif, bien que je le sache animé d'une certaine fougue :)
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