Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
brèves de classe
brèves de classe
Publicité
Newsletter
Archives
14 février 2013

Charlotte

Charlotte, dans la classe pour la deuxième année,

a été prise charge par les collègues du RASED l'an passé.

Photographie Enfant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photo : Sébastien Laban

Des difficultés en mathématiques .

Des soucis de transcriptions de sons. Une écriture pas toujours lisible.

Une mémorisation à raviver régulièrement, des outils à glisser dans le porte-vues.

La maîtresse a eu des doutes mais ses collègues du rased l'ont rassurée :

Qu'elle soit bien dans la classe, qu'elle construise une idée positive d'elle-même

sont aussi des aspects importants pour le collège.

Cette semaine la maîtresse observe, de loin, ce qui s´écrit dans les cahiers de textes libres.

celui de Charlotte est surprenant : bien tenu, bien illustré, belle écriture lisible .

Pas d'erreurs de transcriptions de sons et des réussites épatantes en conjugaison

pour un texte qui disait: "...J'aime ma famile plus tout au monde, plus que moi..."

La maîtresse s'est extasiée haut et fort.

Après réflexions elle questionne la petite qui l'explique ainsi : "quand je suis à fond  je fais attention".

En janvier, la maîtresse avait regardé la petite d'un oeil neuf :

Charlotte n'a jamais demandé d'aide, n'a jamais levé  le doigt.

La maîtresse a fait des hypothèses (" J'ai l'impression que tu te dis :

pourvu que la maîtresse m'oublie. On dirait que tu as peur de te tromper "),

elle a rassuré, sollicité son élève.

Charlotte, pour la première fois, lève le doigt, participe timidement à la vie de classe.

 

Publicité
Publicité
13 février 2013

Alann

Charlotte arrive en classe avec des béquilles. Deuxième fois cette année.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

aujourd'hui Charlotte se plaint :

Alann aurait dit qu'elle faisait "son petit cinéma  avec ses béquilles".

La maîtresse demande des comptes :

Alann admet timidement avec un sourire narquois.

La maîtresse prend un air faussement agacé pour s'adresser à l'affreux jojo :

" non mais tu crois que c'est amusant de se déplacer avec des béquilles?"

Alann n'en démort pas.

" Et bien, va dehors avec les béquilles de Charlotte! "

Fastoche : la cour est attenante à la classe.

Les élèves regardent la maîtresse , les yeux écarquillés,  bouche bée,

se demandant si c'est du lard ou du cochon.

" Allez! Prends les béquilles! 5 tours de cour avec les béquilles!"

Quelques murmures bourdonnent dans la classe se transformant très vite en rires.

Bon à 16h35 la maîtresse est passée au bureau de la directrice

dont le fauteuil est placé face à la cour pour quelques petites précisions!

 

 

12 février 2013

Des nouvelles de Clémentine

 


 

 

 

 

Clémentine  et ses copines se sont improvisées

                 troupe de théâtre.

Clémentine a demandé si elle pouvait présenter une pièce

qui racontait son histoire:

                           " C'est l'histoire de mon chien et de moi."

La maîtresse avait exigé l'universalité.

L'art des lettres c'est aussi de tisser  unisexe et ajustable :

           " Je préférerais que tu mettes en scène

                    l'histoire d'une petite fille et de son chien! "

Clémentine recrute dans la classe:

          " J'ai besoin de deux personnes pour faire mes parents.

        - Clémentine, ça serait mieux de chercher des parents

                   pour cette petite fille, pas pour toi!

        Tout le monde sait bien que cette petite fille c'est un peu toi"

La maîtresse se réjouit. Toutes les filles sont dans une dynamique de création, 

Clémentine a trouvé un lieu pour s'exprimer, faute d'accepter de parler  chez le psy.

         " Bon alors, il me faut aussi des garçons pour la pièce."

La maîtresse est méfiante:

       "Dis, Clémentine, tu ne vas les ridiculiser ces garçons!"

La maîtresse connaît bien ses grands de l'école qui devancent le printemps :

Janvier signe le début d'un jeu de séduction qui fait courir  filles et  garçons

dans un tourbillon de fous rires et de cris.

             Il y a quelques jours  Clémentine avait demandé à lire

              un texte écrit dans son petit    carnet .

              " Des questions et des réponses," avait-elle précisé .

              " D'abord, à quoi ça sert les maths?"

            avait suscité quelques réponses raisonnables, d'autres plus procatrices

            que la maîtresse avait accueillies avec un sourire.

              Puis avait suivi :

            " A qui sert la mode?" , question à laquelle Clémentine avait répondu par

            "ça sert à plaire aux garçons!"

            et s'en était suivi un débat houleux entre pairs.

"Non, maîtresse! Ils ne seront pas ridicules!"

Elle a eu un doute en voyant , pendant les répétitions,

les garçons sautant laborieusement à la corde!


 

30 janvier 2013

poèmes d'hiver


Le Soleil Chaud D'été Photos libres de droits - Image: 4544138

Un matin,  Hélène et Aurélie, très copines et voisines, ont écrit des poèmes sur l'hiver et

elles les lisent en classe.

Hélène est dans le balbutiement des mots agencés avec plus ou moins de bonheur.

Le désir est là mais il reste à tricoter les mots.

La maîtresse sait  que certains élèves peuvent construire une sensibilité poétique. 

Aurélie, elle, montre ses questionnements derrière les mots,

naturellement elle recherche  les assonances,

les mots s'entrechoquent laissant échapper  le bruit d'un poème en train de naître.

Un des poèmes parle de l'hiver sans soleil, sans fleurs, sans oiseaux. Un poème triste.

Et la maîtresse donne son avis : On se plaint beaucoup

mais parfois on a un soleil dans la tête qui peut changer notre perspective de la vie;

Elle , précise-t-elle, aime follement son métier, elle aime traverser la nuit lors de ces matins d'hiver,

un air à la lèvre  (encore dans la tendresse de ses enfants sortant de leur torpeur ).

Voila elle dit qu'elle a un soleil dans la tête ,

un soleil qui la rend heureuse même les jours sans lumière,

même les jours sans fleurs, même les jours sans oiseaux.

Elle a parlé à ses élèves comme elle le fait souvent maintenant ,

ôtant sa blouse d'instit. Elle a parlé avec son coeur,

C'est ainsi avec les enfants. c'est ainsi entre elle et eux.

Peut-être que ses mots sont des graines qui fleuriront plus tard. 

Elle, petite fille, qui a croisé si peu de gens heureux,

elle, petite fille, qui vivait en pays gris et triste, aurait aimé ces mots-bonbons.

Voilà qu'aujourd'hui elle a le goût du bonheur, rebelle,

elle ne peut pas renoncer à sa vie en couleur.

Elle ne leur a pas parlé des yeux de Célestine  qui mettent du bleu dans son ciel.

Ces matins d'hiver elle se sent moins seule dans sa vie de lumière.

 

 

 

6 janvier 2013

Jonathan

 

Jonathan est un grand bavard.

Ce jeudi matin, 8h15, la maîtresse est de service à la grille. Jonathan la salue et précise:

" Aujourd'hui je vais certainement pas parler beaucoup .

- Ah! Et pourquoi Jonathan?

- Parce que je suis un peu triste.

- Ah bon?

- Bein oui , tu sais, ce wek-end mes parents se sont disputés et papa a essayé d'écraser maman ! "

La maîtresse a fermé les yeux en pensant : "on a tous nos histoires d'amour compliquées"

Elle  explique à Jonathan qu'il aura peut-être besoin d'écrire ou de dessiner dans la journée.

Pour se débarasser un peu de la peine qui alourdit son coeur.

 

 

Publicité
Publicité
5 janvier 2013

deuxième année avec Liam

Début décembre, les parents de Liam

étaient à nouveau dans la classe.

Cinquième fois

depuis la rentrée de septembre!

http://journaldeclasse1.canalblog.com/archives/2012/11/17/25286450.html

Deuxième année avec Liam

qui reste un enfant mystérieux

pour la maîtresse.

Il y a un peu plus de deux ans, dans la classe face à la sienne,

durant toute une année, la maîtresse avait entendu Mme V. (la Vilaine)aboyer sur Liam.

http://journaldeclasse1.canalblog.com/archives/2012/04/09/23965972.html

Elle entendait les collègues médire sur cet enfant, évoquant sa violence dans la cour, sa grossièreté.

La maîtresse avait toujours eu un regard compatissant.

Un peu facile quand on n'a pas le protagoniste dans sa classe

Elle imaginait que quelque chose était possible, qu'il ne pouvait pas être le "monstre" décrié.

A la rentrée suivante,juillet et août ayant œuvré à son insu, la maîtresse trouva dans sa classe

3 élèves dyslexiques dont deux avec A.V.S. deux élèves sous ritaline depuis peu,

une dizaine de zozos qui bougent bien , un enfant dont les parents n'ont pas peur de se plaindre

à l'inspection de circonscription et CE FAMEUX Liam  tant décrié! (Cadeau de Mme V.?)

Et Liam s'était révélé grossier et agressif, mais jamais sous les yeux de sa maîtresse qui lui faisait du crédit.

Liam était en guerre et se retrouvait seul à une table . Mais de quelle guerre s'agissait-il? Contre la soeur?

Contre les parents? Une guerre sans limite pour une violence non balisée?

Il y a un an il avait reçu pour Noël un poisson combattant.

La maîtresse ne put réprimer un rire:

"Mais il n'y a pas animal plus à son image!".

 Durant une année Liam, seul car asocial, avait guère travaillé d'une écriture illisible,

l'orthographe épouvantable. Seules les mathématiques trouvaient grâce à ses yeux.

La maîtresse est certaine qu'il aurait travaillé en hurlant comme Mme V. Mais ce n'est pas sa politique.

Cette année la maîtresse a gagné en assurance, lors de ce cinquième entretien,

mais elle n'a rien rétorqué en fin d'entrelien lorsque le papa annonce que

garder son fils une deuxième année n'était peut être pas la bonne solution.

Les parents ont accepté le regard de l'enseignante et vont contacter un orthophoniste pour un bilan.

La maîtresse , elle calcule : 5 fois 2 heures (parfois 3) non rémunérées.

Alors quand les élèves lui ont raconté que, à la cantine,Liam avait proféré des insultes

à son encontre,là elle s'est fâchée et Liam a fait profil bas!

 

22 décembre 2012

le papa d'Elsa (valse des bulletins -suite)

 Le papa d'Elsa est venu chercher le livret scolaire.

Chat Banque d'images - 6574358

Elsa est une élève brillante,

une âme de petite souris dans un corps de géante.

Mais à la maison, Elsa ne va pas bien.

Depuis la mort de son chat.

http://journaldeclasse1.canalblog.com/archives/2012/11/22/25633381.html

Elsa ne dort plus, Elsa pleure et

se referme comme une huître .

Elsa, enfant timide, s'isole. Obstinément.

Elsa écoute des chansons tristes,

 


Elsa dit

que cette étoile,

c'est son chat.

 

Elsa affirme, et là le coeur du papa défaille,

qu'il aurait mieux valu que ce soit elle qui meurt et non son chat chéri.

La maîtresse sent son coeur se ramollir sous l'émoi.

Elle voit bien les yeux du papa briller. Il explique :

Son désarroi devant le chagrin de sa fille, son chagrin à lui.

Elsa est si triste à la maison que , non,

la maîtresse ne la changera pas de place.

Elle rassure le papa : en classe, à part quelques coups de déprime

Elsa aime rire avec sa voisine,

sous la table circulent des petits papiers pliés.

La maîtresse prend une décision :

elle fermera les yeux, dans la limite du travail bien fait,

sur quelques gloussements, sur les petits mots.

La maîtresse prendra sur elle car

Elsa a besoin de bonheur

pour affronter la tristesse, à la maison, du souvenir.

Le papa d'Elsa poursuit:

Elsa a une grande soeur, confidente depuis peu.

Une entremetteuse qui incite Elsa a rencontrer un psy.

La maîtresse est remplie d'espoir.

Elle sait qu'Elsa acceptera.

Elles en ont déjà parlé toutes les deux.

La maîtresse sourit car elle sait qu'en ces endroits

où on détricote le fil de l'âme entre la conscience et l'inconscience,

les petites souris découvrent des chemins ensoleillés,

les petites souris , parfois , se transforment

en chevaux avides de liberté.

19 décembre 2012

Matin chagrin

 

Image du Blog poussieredange.centerblog.net

 Mardi matin, après quelques mots acerbes de son chéri,

après quelques soucis domestiques

elle s'enfuit. Traversant la nuit sur son grand vélo.

Pédalant à toute vitesse .

Les chiens du chagrin sur les talons.

Menacée d'être avalée par la vague à l'âme.

7h53, elle ouvrit la porte de sa classe qui se referma sur elle,

sans allumer les néons.

Les pupitres, le tableau, son bureau , silencieux, respectaient sa peine.

Et elle laissa le chagrin ruisseler sur ses joues, elle laissa la vague l'engloutir,

elle laissa les chiens la dévorer.

Elle pleura. Elle pleura longtemps .

Peut-être un vieux chagrin d'enfant réveillé.

peut-être un rêve qui avait du mal à tenir éveillé.

Elle pleura jusqu'à l'heure toute proche d'ouvrir

la classe aux rires, aux rêves de flocons, aux bousculades.

C'était l'heure de faire bonne figure alors qu'elle rêvait de se recroqueviller

pour  pleurer encore une heure ou deux .

Elle ouvrit la classe le visage pétrifié.

Incapable de saluer ses élèves, ni de leur sourire.

Elle les regarda, leur répondit,

tout en essayant de ranger sa détresse

dans une armoire sombre et noire.

La vie reprit son cours,

son tourment n'était pas sans fond,

elle revint peu à peu dans la réalité 

comme tout professionnel qui doit professer.

Et puis, peu à peu, le plaisir revint,

le bonheur fit friser sa bouche, ses yeux pétillèrent.

Elle avait ouvert la porte à ses élèves,

elle avait ouvert la porte à la magie

16 décembre 2012

Valse des parents

      La maîtresse a rendu les bulletins scolaires.

      Valse des parents chaque soir de la semaine. 

      Elle a bien envisagé gagner du temps et les donner directement aux enfants.

      Bien mal lui aurait pris.

      Elle avait oublié combien ce moment était précieux pour elle.

      Découvrant ainsi ses élèves à travers le regard de leurs parents,

      grapillant quelques informations cruciales.

      Elle avait oublié combien ce moment était délicieux.

      Une semaine riche en émotions 

      pour une maîtresse qui s'est retrouvée au cœur de la vie, au centre-ville du cœur.

      La maman de Janelle lui a révélé que sa fille  avait dit

      " Je crois que la maîtresse est un peu comme une copine " !

10 décembre 2012

le combattant

La maîtresse avait haussé le ton, l'horreur à son comble.

avait poussé le bouchon, au-delà du supportable:

"Assis ! chiens !"

Voilà comment Liam s'adressa, au retour du sport, 

à demi-ton aux élèves tardant à se rasseoir .

La maîtresse a beau se dire qu'il se dit quelque chose derrière,

dépensant beaucoup d'énergie à mettre des limites à la violence de ses propos,

tout en veillant à la sécurité psychique des autres,

elle finit par se dire

que ce qui est révélé ici n'est que

le manque de mur, le manque de limites,

le manque d'obstacle si nécessaire aux enfants.

L'an dernier.

Ses parents arrivés dans la classe

tel un tourbillon vindicatif.

Des parents qu'il avait fallu apprivoiser,

des parents radoucis qui avaient entendu la maîtresse dire :

" Parfois on dirait que Liam c'est un peu comme le roi ",

des parents qui admettent, " premier né, premier garçon, oui un peu le roi ".

Un tel mépris des autres lui a donné un haut-le-coeur.orochimaru le plus vil méchant jamais créé

 

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 > >>
Publicité