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brèves de classe
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3 décembre 2012

Hector

Hector parle fort.

Hertor est un enfant souriant et jovial.

qui soliloque lors de l'exercice de grammaire,

s'extasie à haute voix en mathématiques,

se déplace de table en table,

trouve mille prétextes de bavardage sur le chemin de la corbeille.

Hector s'étonne quand la maîtresse lui annonce qu'il distrait ses camarades.

Ce vendredi la maîtresse a  mis Hector au fond de la classe.

Derrière une rangée de filles.

Elle sent bien son embarras.

Ces émotions se lisent sur son visage .

Maintenant Hector est loin, très loin,

et elle le regarde de près, très près.

La maîtresse s'étonne :

" Mais Hector, est-ce que tu as des copains dans la classe?  Non!?

Avec qui joues-tu dans la cour?

Comment ça personne! Ton meilleur ami dans l'autre classe?

Et alors! Tout le monde se mélange dans la cour.

La balle de  l'autre classe?

Attends Hector, va falloir réfléchir à tout ça!

On en parlera lundi avec la maîtresse du copain ! "

Et puis il faudra trouver, dans la classe, la meilleure place pour Hector.

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26 novembre 2012

Nathan


Nathan se fait constamment remarquer par ses bavardages,

des bribes de voix haute en couleur.

Et plus la maîtresse le regarde, plus il se disperse.

Il y a en lui du doute qui murmure

"Non, rien... j'ai dit une bêtise"

La maîtresse sent qu'elle doit se rapprocher de lui.

Approcher, l'air de rien, le petit Nathan.

 Le second d'une fratrie de 7 enfants.

Peut-être que derrière le blabla se dissimule autre chose,

Elle enfant. Elle se souvient ...oui elle se remémore

son besoin à elle d'être regardée.

Silencieusement à l'école. Une prière.

Un besoin d'exister. Les absences parentales.

Elle, l'aînée.

Être. C'était écrit dans ses rêves.

De force si nécessaire au collège.

La maîtresse se souvient de la manière tapageuse qu'elle employait pour dire

"regardez-moi! Suis-je digne d'intérêt?

oh regardez- bon sang de bonsoir!"

Ses revendications ne trouvaient  les mots et n'existaient que sous forme d'actes.

oui le passage à l'acte est un discour.

Elle se souvient de l'enfant qu'elle était.

Elle regarde l'enfant dans sa classe.

Elle transpose de l'un à l'autre.

Une vérité d'enfant est une vérité d'enfance .

Alors, peut-être que cette agitation cache des mots,

 Une demande d'attention.

Une quête muette derrière le verbiage.

Le petit Nathan questionne t-il la maîtresse?

L'hypothèse est posée.

Protocole expérimental installé.

Nathan et son voisin Alban ont migré tout près de son bureau.

La maîtresse le regarde, lui parle, lui sourit ou

fait une grimace en guise de désapprobation.

Valider ou invalider dans quelques semaines.

22 novembre 2012

LE CHAT D'ELSA

Elsa s'était absentée. Une journée.Chat Banque d'images - 6574358

Elsa vient de perdre son chat adoré.

Celui qui l'aimait et qu'elle aimait.

Ce chat dont les frasques étaient parfois rapportées

dans les productions d'écrit.

Les frasques qui faisaient sourire la maîtresse.

Elsa a de l'humour.

A l'écrit. Car à l'oral c'est compliqué pour Elsa.

      Elsa qui ressemble tant

      à la maîtresse alors enfant:

      Une enfant-souris. Si timide.

Elsa dans la classe pour une 2ème année. En septembre,

la maîtresse retrouva une Elsa  grande de taille,

cherchant à se faire toute petite. Aussi petite qu'une souris.

Depuis septembre la maîtresse avait perdu le contact avec Elsa.

Elles devaient à nouveau  faire connaissance.

Petit escargot dans sa coquille.

La maîtresse doit à nouveau l'apprivoiser. Ou lui laisser du temps.

Du temps encore, aujourd'hui, pour un chagrin d'enfant.

Et puis l'après-midi, lors du rituel de l'appel,

Quotidiennenement la maîtresse lit un poème aux élèves

       -  du Victor Hugo, du Verlaine, du très beau  -

puis elle fait l'appel et au lieu du traditionnel "présent"

les élèves donnent un mot du poème.

la maîtresse lit un joli texte au lieu du traditionnel poème.

Elsa , elle, choisit le mot  "larmes".

La maîtresse lève les yeux de son cahier d'appel :

"Oh oui! Elsa, c'est bien de ça qu'il s'agit, en ce moment !

Tu sais le mot qu'on choisit, il nous ressemble un peu, il parle de nous"

La maitresse poursuivit l'appel :

" Alann !

- Stupide..."

LA CLASSE ECLATA DE RIRE.
La tête de la maîtresse s'écrasa sur le registre d'appel, hilare.

Il lui a semblé que les élèves, aux portes de l'adolescence,

avaient repéré ce qu'elle venait de laisser , pour eux, sur leur chemin.

Alann, lui, a aimé ces rires et ces regards.

La maîtresse devra le questionner pour découvrir, peut être, ce qui motiva ce mot.

Alann qui a été malmené par un père, qu'il ne voit plus, et un beau-père.

 

4 novembre 2012

Sous la table de Marysa

Les larmes de Marysa.

ce vendredi matin.

Quelques élèves avaient chuchoté:

"Maîtresse, Marysa pleure".

La maîtresse aime ce manque d'indifférence.

Elle aime la confiance qu'ils lui accordent.

Marysa dit qu'elle voulait être toute seule

"Au fond de la classe."

La maîtresse n'était pas d'accord

 mais, dans sa course après le complément du nom et les additions de fractions,

elle eut juste un sourire pour la petite éplorée :

 " On en reparlera plus tard dans la journée, Marysa. Là on travaille."

À la récréation de 10h,  la maîtresse se rendit compte

qu'un enfant se trouvait sous une table :

En se penchant, elle découvrit Marysa

qui s'était cachée pour pleurer.

La maîtresse la questionna :

Marysa réitéra son discours. Un discours plein de sanglots.

          Alors la maîtresse se souvint. D'avant. Quand elle se sentait, elle aussi,barque à la dérive,

          s'éloignant irrépressiblement des terres amicales. Seule et abandonnée.

          La même tristesse en boucle.

          La maîtresse sentit, qu'avec Marysa, elle devrait se dévoiler,

          laisser parler en elle la voix de son grand manitou parisien.

          Elle a fait des études de psycho (théorie, théorie quand tu nous tiens)

          elle a beaucoup lu (des mots qu'on se croit destinés)

           mais elle a surtout beaucoup parlé. Parlé à celui qui écoute dans son cabinet parisien.

           Lui, il s´est adressé à l'enfant qui se cachait en elle, l'enfant qu'elle avait été.

            Une éternité avait été nécessaire pour qu'elle accepte de regarder cet enfant triste .

           Et puis elle l'a pris sur ses genoux, elle l'a consolé, elle l'a câliné .         

           l'enfant a parlé de son chagrin et le savant a expliqué.

           La fillette qu'elle avait été a aussi parlé de sa colère, de ses exigences, elle revendiquait 

           petit terroriste hypothéquant sa vie d'adute à elle.

           La maîtresse sait que ce chagrin, si chagrin il apparaît , est aussi une manière

           de retourner contre soi sa colère. Parce qu'on se l'interdit. Parce que la société l'interdit.

          Elle ne  prendra pas de chagrin Marysa pour argent comptant.

          Tout comme lui ne l'avait pas fait,

          elle doit regarder s'il ne s'y cache pas une arme retournée contre soi-même.

Alors la maîtresse a tenté de retracer les évènements de la matinée:

Marysa dit, tout en pleurant, qu'il ne s'était rien passé.

Sa voisine précise:

" Je lui ai demandé si ça ne la dérangeait pas d'échanger de place avec Clémentine."

 Voilà donc Marysa expulsé de sa place!

" Alors tu as pensé qu'Hélène ne t'aimait plus ?"

Marysa Hoche de ta tête.

" Mais , tu sais Marysa, c'est pas vrai ça, précise Hélène.

Je t'aime bien . C'est jusque qu'Aurélie et moi on avait envie d'être à côté de Clémentine."

La maîtresse continua :

" Tu comprends, Marysa

Et peut-être que tu t'es dis pour la peine tu n'aimeras plus personne?

Parce que ça fait de la peine quand on aime?

Peut-être que tu étais en colère ?

Tu sais Marysa, on a le droit d'être en colère, d'être fâché.

On peux le dire qu'on est fâché.

Le dire poliment.

Pas comme Lia.

 

Tu sais, parfois, il ya un dragon en nous qui crache de la colère."

Hélène interrompit la maîtresse :

"Oui ça me rappelle un dessin animé avec un dragon à cinq queues

- Oui, surenchérit Marysa."

Durant la journée nous dûmes essuyer les flammes du dragon de Marysa.

La maîtresse dut lui rappeler qu'un dragon devait être apprivoisé.

Pour parler de colère calmement,

sans violence.

 

 

29 octobre 2012

Louis et Alban

Deux semaines après la rentrée,

Louis avait sévi

adressant à Alban 

un "t'es nul ! t'es un incapable !"

qui avait fait bondir la maîtresse.

    Cette deuxième année

    avec louis s'augurait mal.

    L'an passé il agissait

    avec plus de sournoiserie,

    la maîtresse se doutait mais ne voyait jamais rien.

    Lors de la visite du Louvre,

    Louis avait dit à un camarade

    qu'il "dessinait mieux que le prof de dessin"

    et ses propos étaient arrivés jusqu'à ses oreilles.

" Alban aurait  dû m'envoyer un message clair !"

Louis avait dit et répondu : "bein non si on me disait ça

je m'en ficherais, je sais que j'suis pas nul"

Il dit que si ça avait blessé  Alban

quand il a dit qu'il était nul,

et bien c'est la preuve que c'est la vérité!

  L'an passé, il avait dessiné un monstre aux yeux rouges.

  Elle lui avait, dans un premier temps,

  dit que cela pouvait effrayer n'importe qui , lui le premier.

  Surtout s'il abrite de telles visions dans sa tête.

  Elle, en tout cas, avait été effrayée,

  Elle lui avait interdit de dessiner.

  Interdit de montrer sans aucune censure ce qui l'habite. 

Aujourd'hui, la maîtresse est sur les dents,

elle le surveille, intervient à la moindre incartade

et le garde à la récréation avec un écrit à produire

sur le thème de cette violence et d'une éventuelle explication.

La maîtresse n'est pas opposée

à l'expression de la violence ,

inhérente à l'être humain,

mais elle doit apparaître

sous une forme socialement acceptable :

on s'éprend des dragons,

on aime les volcans,

on écrit un poème ou un texte .


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27 octobre 2012

la couleur

La maîtresse a travaillé en Z.E.P.

Parfois dans la souffrance. D'autres fois avec bonheur.

Beaucoup d'enfants issus de familles pauvres,

beaucoup de familles originaires d'Afrique.

Beaucoup d'enfants à la peau marron.

Elle ne dit plus  noire

car cette couleur , dans notre société , est connotée négativement

elle ne veut plus perpétuer ce malentendu.

Une collègue exaspérée,

c'est parfois terriblement difficile dans certaines classes,

lui avait parlé de la grande ignorance des élèves de ZEP.

La maîtresse, elle, s'en réjouissait car

tout était nouveau ,

pour eux, à 7 ans, curieux et avides.

Quel bonheur lorsque que l'un d'eux

lui avait dit avoir vu, 

dans le dernier épisode,

Bob l'éponge dans la chambre 

de Vincent Van Gogh,

travaillé en classe.

Il avait perçu le clin d'oeil culturel,

le monde devenait loquace.

Désormais, dans sa ville de province

digne de Chabrol,

la maîtresse a, dans sa classe, deux élèves à la peau marron :

Marysa et Lia. Assises l'une à côté de l'autre .

La semaine passée,  Marysa avait écrit un texte

exposant le rejet dont elle se sentait victime, elle et sa copine Lia.

Elle finissait pas une question:

"Est-ce que c'est à cause de notre couleur de peau?"

La maîtresse avait retourné cette question aux élèves.

Lia avait, de toute évidence , un mauvais caractère

ce que soulignaient ses camarades.

Lia est un enfant hérisson.

Mais elle veut plaire à la maîtresse 

avec phlétore de dessins et de mots gentils.

Aussi elle reste sensible à ce qu'elle va dire à son élève.

Les élèves n'avaient rien à reprocher à Marysa

La maîtresse dit qu'elles devaient faire connaissance

avec les autres et , pour cela, changer de place.

La maîtresse sentait les résistances des filles .

Elle accompagna avec douceur et fermeté les déplacements,

questionnant les uns et les autres

afin de trouver des tables accueillantes,

pour la dernière semaine d'école.

 

25 octobre 2012

Marysa

Pendant la récréation, un groupe de filles

dans le sillage de la maîtresse affairée à ses photocopies .

La maîtresse qui écoutait distraitement .

Et puis Marysa qui se plaignait.

En sport, on ne veut jamais d'elle dans les équipes.

Et puis à la cantine non plus.

Ne parlons pas de la cour de récréation.

"Tous le monde me rejette"

La maîtresse entendit la peine alors elle regarda la petite :

" On dirait que tu penses que personne ne t'aime  dans cette école! "


De grosses perles roulèrent sur ses joues,

une voix chevrotante qui porte tout le chagrin de cette petite fille:

Quelque jours plus tard, Marisa écrivit un texte

racontant sa" triste vie" : le décès d'un grand-père ,

celui d'une arrière-grand-mère atteinte de la maladie d'alzeimer.

                        La maîtresse est touchée par Marysa

                           qui ressemble beaucoup à la petite fille qu'elle était.....

Mais tout cela est très triste

 mais ce n'est pas ton chagrin à toi, Marysa!

Quelle véritable tristesse se cache dans le coeur de cette petite fille?

La maîtresse a expliqué qu'elle se sentait rejetée

mais que ce n'était en aucun cas la réalité.

Et puis regarde, Marysa, tu es une petite fille au grand coeur,

tu te souviens il y a deux semaines,

tu travailles très bien , ton travail est toujours parfait.

Tu as certainement beaucoup d'autres qualités

que je découvrirai au cours de l'année.

Il y a plein de raisons de t'aimer

mais il faut que toi aussi tu aimes Marysa....

 

 

24 octobre 2012

Coup de pied ds un cartable

 

Lors d'un déplacement,

un coup de pied fut donné dans un cartable.

La maîtresse n'avait rien vu.

Un élève révèla l'incident.

La maîtresse questionna,

le coupable, Victor , acquiesça :

Louis aurait dit à Victor de donner un coup de pied dans le cartable.

Louis,

c'est le poisson combattant.

Louis c'est l'enfant qui,

lorsqu'on doit inventer un G.N.

avec complément du nom, écrit :

"les chats égorgés de la S.P.A"

 

Hugo intervient avec un

"Notre cartable, c'est un peu comme si c'était nous"

 

22 octobre 2012

Alann

Alan se dirigea vers la maîtresse :

"Je peux aller aux toilettes pour arracher ma dent ?"

Que nenni. La nature en fera son affaire.

 

Dix minutes plus tard, une bille roula .

Discution d'enfants sous les tables: Liam ne fomenterait-il pas une vilenie ?

N'avait-il pas déjà lancé un boulard sur un petit  C.P. ?

 

La maîtresse prit un air faussement exaspéré ,

leva les yeux au ciel et tendit la main, attendant de cueillir l'intruse.

Liam glissa la bille dans la main de la maîtresse.

Après quelques instants, rediscutions sous les tables entre Alann et Nathan.

Rebelotte . La maîtresse tendit la main attendant la vilaine bille

qui déconcentrait les élèves.

Alann se déplaça et posa une chose légère sur la main de la maîtresse,

une chose bien plus légère qu'une bille.

La maîtresse regarda dans sa main:

SA DENT ENSANGLANTÉE!

Évidemment, le cri de la maîtresse dissipa quelque peu

le sérieux qui emplissait la classe jusqu'alors.

 

 

19 octobre 2012

janelle

A midi, Janelle attendait la maîtresse :

"Maîtresse,  je pourrais vous parler ?"

La maîtresse accepta et à la récréation de 15h

elle tendit l'oreille.

Alors Janelle parla

de ses difficultés

pour se concentrer  à l'école .

Elle pense à ses soucis de la maison.

Janelle raconta.

Et puis la maîtresse vit

de grosses larmes

rouler sur ses joues

mais sa voix n'a pas faibli.

Janelle poursuivit son récit

énonçant ce qu'elle ressentait,

insistant auprès de la maîtresse

pour avoir des réponses.

C'est délicat pour la maîtresse,

elle entend un peu de la vie des parents qui pourraient lui en vouloir.

Elle a toujours gardé les secrets, elle ne juge personne.

Elle-même est une maman avec ses difficultés, ses limites de parents,

elle a une vie de couple , pas toujours des plus simples.

La maîtresse lui  conseilla d'en parler avec ses parents.

Ils lui doivent un explication .

Mais s'ils ne veulent pas écouter ? Et bien tu leur écris.

Ecrire , lire. Ça laisse le temps de la réflexion.

Elle conseilla d'expérimenter les messages clairs

Janelle sait choisir les mots pour exprimer

ses difficultés, ses doutes, sa peine.

Elle ne craint pas de dire ce qu'elle ressent.

La maîtresse  posa une main sur le bras de Janelle.

Puis elle  regarda Clara , toute proche.

Elle   laissa les deux filles afin qu'elles se racontent .

Afin qu'elles se rencontrent.

Afin  qu'elles s'entraident.

Parce que l'adulte n'a qu'une partie des réponses et

que la maîtresse sait maintenant passer la main.

 

 

 

 

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