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brèves de classe

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29 octobre 2012

Louis et Alban

Deux semaines après la rentrée,

Louis avait sévi

adressant à Alban 

un "t'es nul ! t'es un incapable !"

qui avait fait bondir la maîtresse.

    Cette deuxième année

    avec louis s'augurait mal.

    L'an passé il agissait

    avec plus de sournoiserie,

    la maîtresse se doutait mais ne voyait jamais rien.

    Lors de la visite du Louvre,

    Louis avait dit à un camarade

    qu'il "dessinait mieux que le prof de dessin"

    et ses propos étaient arrivés jusqu'à ses oreilles.

" Alban aurait  dû m'envoyer un message clair !"

Louis avait dit et répondu : "bein non si on me disait ça

je m'en ficherais, je sais que j'suis pas nul"

Il dit que si ça avait blessé  Alban

quand il a dit qu'il était nul,

et bien c'est la preuve que c'est la vérité!

  L'an passé, il avait dessiné un monstre aux yeux rouges.

  Elle lui avait, dans un premier temps,

  dit que cela pouvait effrayer n'importe qui , lui le premier.

  Surtout s'il abrite de telles visions dans sa tête.

  Elle, en tout cas, avait été effrayée,

  Elle lui avait interdit de dessiner.

  Interdit de montrer sans aucune censure ce qui l'habite. 

Aujourd'hui, la maîtresse est sur les dents,

elle le surveille, intervient à la moindre incartade

et le garde à la récréation avec un écrit à produire

sur le thème de cette violence et d'une éventuelle explication.

La maîtresse n'est pas opposée

à l'expression de la violence ,

inhérente à l'être humain,

mais elle doit apparaître

sous une forme socialement acceptable :

on s'éprend des dragons,

on aime les volcans,

on écrit un poème ou un texte .


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27 octobre 2012

la couleur

La maîtresse a travaillé en Z.E.P.

Parfois dans la souffrance. D'autres fois avec bonheur.

Beaucoup d'enfants issus de familles pauvres,

beaucoup de familles originaires d'Afrique.

Beaucoup d'enfants à la peau marron.

Elle ne dit plus  noire

car cette couleur , dans notre société , est connotée négativement

elle ne veut plus perpétuer ce malentendu.

Une collègue exaspérée,

c'est parfois terriblement difficile dans certaines classes,

lui avait parlé de la grande ignorance des élèves de ZEP.

La maîtresse, elle, s'en réjouissait car

tout était nouveau ,

pour eux, à 7 ans, curieux et avides.

Quel bonheur lorsque que l'un d'eux

lui avait dit avoir vu, 

dans le dernier épisode,

Bob l'éponge dans la chambre 

de Vincent Van Gogh,

travaillé en classe.

Il avait perçu le clin d'oeil culturel,

le monde devenait loquace.

Désormais, dans sa ville de province

digne de Chabrol,

la maîtresse a, dans sa classe, deux élèves à la peau marron :

Marysa et Lia. Assises l'une à côté de l'autre .

La semaine passée,  Marysa avait écrit un texte

exposant le rejet dont elle se sentait victime, elle et sa copine Lia.

Elle finissait pas une question:

"Est-ce que c'est à cause de notre couleur de peau?"

La maîtresse avait retourné cette question aux élèves.

Lia avait, de toute évidence , un mauvais caractère

ce que soulignaient ses camarades.

Lia est un enfant hérisson.

Mais elle veut plaire à la maîtresse 

avec phlétore de dessins et de mots gentils.

Aussi elle reste sensible à ce qu'elle va dire à son élève.

Les élèves n'avaient rien à reprocher à Marysa

La maîtresse dit qu'elles devaient faire connaissance

avec les autres et , pour cela, changer de place.

La maîtresse sentait les résistances des filles .

Elle accompagna avec douceur et fermeté les déplacements,

questionnant les uns et les autres

afin de trouver des tables accueillantes,

pour la dernière semaine d'école.

 

26 octobre 2012

Nathan

La maîtresse s'est lancée :

Avant de démarrer le théâtre,

les élèves vont travailler avec leur corps ,

leur voix et, bonus, avec la relaxation.

Beaucoup de plaisir, deux ou trois élèves discrets

qui prennent le devant de la scène.

Une mise en valeur bienvenue

pour oser prendre des "risques".

Et puis retour vers la classe

avec des élèves un peu dissipés.

Nathan entre le premier, la maîtresse arrive peu après.

Tous annoncent la couleur :

"Nathan a imité la maîtresse."

Celle-ci , un sourire aux lèvres, un peu curieuse, questionne le coquin :

"Elle ressemble à quoi la maîtresse alors!"

Le coquin, timide rêvant de folies, refuse

de donner suite à la conversation et se défend:

"A rien ! A rien!"

Les propos mis bout à bout provoquèrent l'hilarité générale.

" Quoi! La maîtresse ne ressemble à rien!"

 

 

25 octobre 2012

Marysa

Pendant la récréation, un groupe de filles

dans le sillage de la maîtresse affairée à ses photocopies .

La maîtresse qui écoutait distraitement .

Et puis Marysa qui se plaignait.

En sport, on ne veut jamais d'elle dans les équipes.

Et puis à la cantine non plus.

Ne parlons pas de la cour de récréation.

"Tous le monde me rejette"

La maîtresse entendit la peine alors elle regarda la petite :

" On dirait que tu penses que personne ne t'aime  dans cette école! "


De grosses perles roulèrent sur ses joues,

une voix chevrotante qui porte tout le chagrin de cette petite fille:

Quelque jours plus tard, Marisa écrivit un texte

racontant sa" triste vie" : le décès d'un grand-père ,

celui d'une arrière-grand-mère atteinte de la maladie d'alzeimer.

                        La maîtresse est touchée par Marysa

                           qui ressemble beaucoup à la petite fille qu'elle était.....

Mais tout cela est très triste

 mais ce n'est pas ton chagrin à toi, Marysa!

Quelle véritable tristesse se cache dans le coeur de cette petite fille?

La maîtresse a expliqué qu'elle se sentait rejetée

mais que ce n'était en aucun cas la réalité.

Et puis regarde, Marysa, tu es une petite fille au grand coeur,

tu te souviens il y a deux semaines,

tu travailles très bien , ton travail est toujours parfait.

Tu as certainement beaucoup d'autres qualités

que je découvrirai au cours de l'année.

Il y a plein de raisons de t'aimer

mais il faut que toi aussi tu aimes Marysa....

 

 

24 octobre 2012

Coup de pied ds un cartable

 

Lors d'un déplacement,

un coup de pied fut donné dans un cartable.

La maîtresse n'avait rien vu.

Un élève révèla l'incident.

La maîtresse questionna,

le coupable, Victor , acquiesça :

Louis aurait dit à Victor de donner un coup de pied dans le cartable.

Louis,

c'est le poisson combattant.

Louis c'est l'enfant qui,

lorsqu'on doit inventer un G.N.

avec complément du nom, écrit :

"les chats égorgés de la S.P.A"

 

Hugo intervient avec un

"Notre cartable, c'est un peu comme si c'était nous"

 

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22 octobre 2012

Alann

Alan se dirigea vers la maîtresse :

"Je peux aller aux toilettes pour arracher ma dent ?"

Que nenni. La nature en fera son affaire.

 

Dix minutes plus tard, une bille roula .

Discution d'enfants sous les tables: Liam ne fomenterait-il pas une vilenie ?

N'avait-il pas déjà lancé un boulard sur un petit  C.P. ?

 

La maîtresse prit un air faussement exaspéré ,

leva les yeux au ciel et tendit la main, attendant de cueillir l'intruse.

Liam glissa la bille dans la main de la maîtresse.

Après quelques instants, rediscutions sous les tables entre Alann et Nathan.

Rebelotte . La maîtresse tendit la main attendant la vilaine bille

qui déconcentrait les élèves.

Alann se déplaça et posa une chose légère sur la main de la maîtresse,

une chose bien plus légère qu'une bille.

La maîtresse regarda dans sa main:

SA DENT ENSANGLANTÉE!

Évidemment, le cri de la maîtresse dissipa quelque peu

le sérieux qui emplissait la classe jusqu'alors.

 

 

19 octobre 2012

janelle

A midi, Janelle attendait la maîtresse :

"Maîtresse,  je pourrais vous parler ?"

La maîtresse accepta et à la récréation de 15h

elle tendit l'oreille.

Alors Janelle parla

de ses difficultés

pour se concentrer  à l'école .

Elle pense à ses soucis de la maison.

Janelle raconta.

Et puis la maîtresse vit

de grosses larmes

rouler sur ses joues

mais sa voix n'a pas faibli.

Janelle poursuivit son récit

énonçant ce qu'elle ressentait,

insistant auprès de la maîtresse

pour avoir des réponses.

C'est délicat pour la maîtresse,

elle entend un peu de la vie des parents qui pourraient lui en vouloir.

Elle a toujours gardé les secrets, elle ne juge personne.

Elle-même est une maman avec ses difficultés, ses limites de parents,

elle a une vie de couple , pas toujours des plus simples.

La maîtresse lui  conseilla d'en parler avec ses parents.

Ils lui doivent un explication .

Mais s'ils ne veulent pas écouter ? Et bien tu leur écris.

Ecrire , lire. Ça laisse le temps de la réflexion.

Elle conseilla d'expérimenter les messages clairs

Janelle sait choisir les mots pour exprimer

ses difficultés, ses doutes, sa peine.

Elle ne craint pas de dire ce qu'elle ressent.

La maîtresse  posa une main sur le bras de Janelle.

Puis elle  regarda Clara , toute proche.

Elle   laissa les deux filles afin qu'elles se racontent .

Afin qu'elles se rencontrent.

Afin  qu'elles s'entraident.

Parce que l'adulte n'a qu'une partie des réponses et

que la maîtresse sait maintenant passer la main.

 

 

 

 

18 octobre 2012

Avec des si

Avec des si on se fabrique des rêves 

avec des si les passions se dé-chaînent

avec des si toutes les grandes questions sont posées.

Avec des si la maîtresse désirait

seulement revisiter les imparfaits

étonnée de les voir si motivés

partant de       Si la sardine avait des ailes,

Si Gaston s’appelait Gisèle,

Si l’on pleurait lorsque l’on rit,

Si le pape habitait Paris,

Si l’on mourait avant de naître,

Si la porte était la fenêtre,

Si l’agneau dévorait le loup,

Si les Normands parlaient zoulou,

Si la Mer Noire était la Manche,

Et la Mer Rouge la Mer Blanche,

Si le monde était à l’envers

(...)

 

ou  

Si mon stylo était magique
Avec des mots en herbe,
J'écrirais des poèmes superbes,
Avec des mots en cage,
J'écrirais des poèmes sauvages.

Si mon stylo était artiste,
Avec les mots les plus bêtes,
J'écrirais des poèmes en fête,
Avec des mots de tous les jours
J'écrirais des poèmes d'amour.

 

transfiguré en

 

 

Si ma tortue savait voler

si mon chat avait des ailes

 si j'avalais par le ventre

si j'étais un roi

si j'étais une fille

si j'étais un garçon

si mon chat parlait

si j'étais une princesse

si j'étais encore un bébé

si nous avions tous la peau marron

si j'étais un bout de pâte à modeler

si j'étais un adulte

si l'école n'existait pas

si la maîtresse était un vampire

si la maîtresse était une extraterrestre

si le monde souterrain était habité par des êtres maléfiques

si la vie était interminable

si j'étais immortel

si tu avais des ailes

si le soleil s'éteignait

si le monde ralentissait

si nous étions des roses

si vous étiez un problème

si le mal partait

si charlotte s'appelait Clara

si l'on pleurait avant de voir le soleil

si j'étais un maître

si les poules avaient des dents

si j'étais le roi du monde

si je m'appelais Martine (écrit par un garçon)

s'il s'appelait Arthur Rimbaud

Si je pleurais pour rien

si elles étaient des garçons

si j'étais une fleur

si elle était invisible

si je marchais sur les mains

si j'avais des pouvoirs magiques

si j'avais des yeux derrière la tête

si on pouvait traverser les murs

si les guerres n'avaient jamais existé

si on pouvait décider de  son âge

si on pouvait deviner les intentions des autres

si les questions étaient des réponses

si les oui étaient des non

Si ma famille et moi étions seuls au monde

si l'herbe était liquide

si la lumière était noire

si les mouches mangeaient les araignées

si on pouvait faire du toboggan sur l'arc-en-ciel

si les vacances étaient éternelles

si mon chat avait une petite amie

si la terre était carrée

si mes cahiers étaient ronds

s' il pleurait jour et nuit

si mes petites soeurs étaient des anges

si mon rêve se réalisait

si la vie était la mort

si j'étais ma propre grand-mère

 

La maîtresse est restée sans voix, envoutée.

Et puis elle a dit que tous les mots prononcés

fabriquaient des images,

là devant elle, dans la classe,

comme s'ils avaient le pouvoir de créer l'impossible.

Les enfants étaient d'accord:

ils ont tout vu.

 

 

 

14 octobre 2012

la maman de Ludovic

Ludovic le poète-conteur-philosophe

http://journaldeclasse1.canalblog.com/archives/2012/10/04/25230463.html

a une maman.

Il a une histoire aussi que

sa maman vient de révéler à la maîtresse :

Ludovic est allé voir le psy l'année passée mais

ses parents ont mis longtemps, une année,

à comprendre que cela ne venait pas de l'enfant

mais de l'enseignante.

La maman de Ludovic affirme

que dire tous les jours à un enfant qu'il est nul

ça a des conséquences terribles,

qu'un enfant qui va mal peut en arriver à des extrémités.

Elle n'était pas la seule à amener à l'école un enfant en pleurs.

Ses victimes sont, semble-t-il, essentiellement des garçons.

La maman a transmis un double des mots

écrits par la vilaine

dans le cahier

de correspondance

de l'enfant.

Et oui cette personne irrespectueuse  est celle qui lui avait craché son venin à la figure. La vilaine a beaucoup d'amies parmi ses collègues.

Ludovic , qui

a un chouette enseignant

cette année, a bénéficié

d'un crédit bonheur dans la classe de la maîtresse.

Pouvez-vous imaginer combien ces propos ont bouleversé

la maîtresse, entre stupeur, tristesse et ravissement?

 

11 octobre 2012

Eric

Ce mardi matin, la maîtresse a parlé à ses petits élèves http://pascalelafraise.files.wordpress.com/2012/06/larme-enfant.jpg

du grand chagrin d'Eric.

 Sans en préciser la nature.

Elle leur a demandé de ne pas le presser de questions.

A lui de taire ou non ses secrets.

Elle leur a dit qu'à son retour

il aura besoin  de leur soutien.

Elle ignore la justesse de ses propos

mais elle sait que les enfants sont capables d'empathie.

Elle  cultive cette propension.

Mais aujourd'hui cela était-il justifié?

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