Elisa
La maman voulait que la maîtresse de l'an passé parle de sa fille
à la maîtresse d'aujourd'hui ; celle-ci a su que sa classe était faite pour Elisa,
l'élève timide !
Elisa qui a parlé si tard, Elisa définie comme autiste
dans les 1ères années de sa scolarité.
La maîtresse a rencontré la semaine passée la maman .
Une maman enchantée de découvrir que sa fille s'épanouissait cette année,
enchantée de la bienveillance de la maîtresse et du climat de la classe.
"Pas de cris ici, pas de stress cette année" :
Elisa peut investir tout son potentiel intellectuel.
La maman d'Elisa me conforte dans l'idée qu'un sourire, quelques chansons,
des outils, du théâtre, des projets en lien direct avec les apprentissages
parsemés de décontextualisation
permettent aux élèves d'apprendre sereinement.
la chanteuse
Une page et des mots dans le cahier du matin.
Juste des mots qui riment,
des mots qui tournent sur papier.
une chanson naissante et puis une promesse de musique.
" Si maîtresse je t'assure il y aura de la musique"
Isabelle qui n'est pas musicienne a écrit une chanson,
une chanson évoquant ceux qui peuplent son quartier.
La maîtresse a demandé quelques modifications,
la maman a donné son avis quant au refrain.
Aujourd'hui ,entre temps composés et numération,
Isabelle chante en classe
accompagnée de deux copines.
La chanson bat des ailes,
les enfants regardent l'oiseau.
Il s'échappe de la classe par leurs grands yeux ouverts,
parti à l'oreille de l'âme leur parler de liberté.
Pourquoi suis-je si touchée
par les créations de mes élèves ?
Isabelle, sache que rares sont les jeunes esprits créatifs
qui vont au bout de leurs phrases.
Voilà, en gros, ce que lui a dit sa maîtresse
qui n'a plus peur d'évoquer les belles choses.
Même si cela ne fait pas à l'école des Lumières.
A cultiver au quotidien
https://www.youtube.com/watch?v=f92GKNRZCfA
http://www.questionsdeclasses.org/?Ce-qui-se-passe-dans-la-tete-d-une
http://www.letudiant.fr/actualite/la-bosse-des-maths-n-est-pas-innee-chez-les-garcons.html
nouvelle année,
nouveaux visages,
nouveaux défis,
nouvelle directrice
(son deuxième nom doit être Espérance)
Toujours la même crainte dans les yeux des petits élèves,
le même stigmate de timidité dans certains sourires,
quelques ongles rongés,
encore la même difficulté à se regarder,
à se parler au dessus du travail entre pairs.
Et puis il y a le rire d'une maîtresse,
son bonheur quotidien,
son regard bienveillant,
son plaisir légèrement enfantin,
ses étonnements puérils.
Profiter des évènements de classe
pour faire voyager les savoirs entre la vie et le cahier.
Toujours les ramener vers les apprentissages scolaires.
Pourquoi les jours d'école
ne seraient-ils pas des jours heureux,
avec du supplément le mercredi
(que j'aurais préféré dans mon lit)
une pensée
En ce jour,
j'ai une pensée
pour Fabienne Terral-Calmès,
sa famille et ses collègues.
Une pensée également
pour ces enfants de GS
qui ont assisté
à cet acte horrible.
Je suis triste, émue et
profondément choquée.
Je vous invite à partager ce ruban noir
partout où il peut se voir :
sur vos blogs, sur vos profils fb, sur tweeter.
Montrons à cette famille,
à ces enfants, à ces élèves et à nos collègues
que nous compatissons tous à leur peine.
bataille anglaise
Les manuels d'anglais ne me satisfont pas.
Dans l'année, j'ai donc élaboré
mes propres jeux
au gré de mes besoins.
Inspiration trouvée dans certains manuels
ou sur les sites de collègues.
Mon objectif est de faire parler les élèves
pour systématiser et mémoriser les structures.
Pour la 1ère partie de la bataille
Celui qui a la carte de l'enfant le plus agé,
pour pouvoir empocher le pli, est soumis
aux questions suivantes :
what ‘s your name?
My name is ........................................ .
how old are you ?
I'm ........................................ years old.
what's your phone number?
My phone number is ......................................... .
( un numéro de téléphone composé de 4 nombres de 2 chiffres
est ajouté au bas des cartes )
Hypolyte
a retrouvé le sourire:
un changement de place
(à côté du copain préféré).
Le temps fait son affaire;
les petits conciliabules avec la maîtresse,
les discussions avec papa ,
maman et les grands frères
ont oeuvré pour ramener à la surface
cet enfant qui rendait les armes.
Un petit mot dans le cahier du matin ,
dans une écriture épouvantable,
quelques lignes qui nous rappellent que,
toujours, le printemps reverdit.
Et puis dernières révélations de l'enfant devant les exclamations de la maîtresse
qui accroche aux vues de tous LA MAGNIFIQUE ÉCRITURE d'Hypolyte:
"Maintenant j'aime écrire" explique-t-il.
Un joli sourire accroché au visage d'un enfant blessé par le carcan scolaire.
Un de ceux qui n'ont jamais réussi à se couler dans le moule, exigence d'une école
qui a confondu égalité et uniformité.
La maîtresse n'arrache pas les pages des cahiers, elle ne prive pas de récréation
les pattes de mouche ni les pâtés, elle ne crie jamais, ne s'exaspère aucunement.
Si elle se l'autorise de rares fois c'est dans un souci de théâtralisation,
histoire de faire glisser jusqu'aux oreilles de l'interessé une vérité désagréable.
Si un cri sort de sa bouche à son corps défendant,
la maîtresse sait qu'elle doit alors appuyer sur pause,se questionner:
la fatigue, le stress, un souci?
On peut lui reprocher son manque de rigueur
(elle a deux requins pour collègues)
qu'elle essaye de contrer en exigeant un exercice à refaire,
en complimentant tous les prémisses de changements chez les élèves.
Mais la maîtresse a moins de doutes : elle sait aujourd'hui que
la bienveillance est un doux engrais pour ces jeunes esprits.
C'est ce qu'elle lit dans le sourire triomphant d'Hypolyte.
Victor
Victor voit l'orthophoniste toutes les semaines.
L'écrit scolaire est laborieux, pénible.
Les bavardages ont parasités les apprentissages
du 1er trimestre. Seul à sa table,
c'est à contre cœur que la maîtresse les isole,
il s'est enfin attelé à ses exercices.
Laborieusement. Douloureusement.
Victor a écrit sur le blog de la classe.
Il a surtout recopié des textes et des poèmes trouvés sur le net au départ.
Après les vacances de Noël, Victor s'était lancé dans le récit d´un texte long.
La maîtresse l'observe tous les matins, durant les 15 mn d'écriture libre, noircissant son cahier.
Et puis voilà qu'un jour , la 1ère partie est lue à la classe:
Une histoire d'astéroide lancé vers la ter avec une équipe de scientifiquesre
cherchant à sauver la terre. L'histoire est fluide et cohérente, un récit haletant.
Seuls moments de décrochage lorsque surgissent les passés simples et,
bien qu'étudiés en classe, les verbes du 1er groupe sont erronés.
Des erreurs qui apparaissent comme une évidence lors de la lecture orale à la classe.
La maîtresse fait le lien entre le texte et les exercices de conjugaison.
Un rendez vous est pris avec l'enfant pour corriger son texte.
Avant les vacances de février, la maîtresse a rencontré la maman pour évoquer les bilans
de l'hôpital parisien : légère dysgraphie, légère dyslexie.
l'accent est mis sur la lourdeur de l'écrit mais le bilan reste évasif , incertain.
Alors la maîtresse se lève et sort du casier le cahier du matin de l'enfant.
ÉTONNEMENT!
L'écriture est fluide, presque jolie, rien à voir avec celle consacrée aux exercices scolaires.
l'orthographe est correcte, beaucoup de mots correctement orthographiés,
les accords dans les groupes nominaux et les accords sujet majoritairement corrects,
les conjugaisons justes.
De quoi faire taire
tous les doutes
des professionnels.
Matéo
c'est le petit miracle
de la maîtresse :
un élève aujourd'hui
apprécié, inséré
qui tord le cou
à ses difficultés scolaires,
gagnant en assurance.
Quelques heurts,
pourtant,en janvier.
Certains élèves
lui avaient reprochéde s'énerver facilement :
un coup de pied, par exemple, dans la table de ping-pong
quand une miss lui dit " t'es mort" (= tu as perdu)
Matéo se fâche :
" Non c'est pas vrai! Je m'énerve pas, sauf quand on m'énerve."
La maîtresse persiste et quelques élèves
évoquent des épisodes d'irritation dans la classe
qui mettent à mal le groupe au travail.
Mathéo pleure
- Tu pleures parce qu'on te fait des reproches ou
parce qu'on fait apparaître une image de toi que tu n' aimes pas?
- pour l'image...
Parfois la bienveillance naturelle
qu'on trouve dans le coeur de tous les enfants
suffit ....
En février, encore, Matéo a dit à Emmanuelle que sa pièce de théâtre était nulle,
à Juliette que sa robe n'était pas belle.
La maîtresse profite du remue ménage du retour en classe
pour observer Matéo et constater la dureté de son regard.
Elle lance à Matéo : toi, aujourd'hui, ça ne va pas
elle voit ses yeux d'acier s'embuer, sa lèvre trembler
et le chagrin faire irruption : c'est le naufrage de la colère.
- Non ça ne va pas!
- Tu veux en parler?
- Non, maîtresse, je ne peux pas en parler.
L'adulte reste à l'écoute , l'échange a suffi à désarmer l'offensive
et ramener un peu de paix dans le coeur d'un enfant!
J'ai tant appris des colères qui cachent les désastres,
je connais presque tout de mes guerres intérieures
qui se sont révélées être des missions humanitaires.
Aujourd'hui, il n'y a plus de guerres dans les environs de Matéo....