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brèves de classe

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4 octobre 2013

Louis dans la lune

Louis est un élève d'une timidité maladive.

Un enfant qui sourit au théâtre mais qui se tient en permanence voûté, comme s'il souhaitait ne pas être vu.

Les timides sont les élèves que la maîtresse aime tout particulièrement, ceux qui lui rappellent la petite souris qu'elle était, elle, enfant  à l'école. Elle aimerait tant les sortir de leur torpeur.Mais ses élèves , les plus grands de l'école, déjà en armure, ne sont pas toujours accessibles aux mots pansements de la maîtresse.

En classe, Louis parle peu, sourit peu, travaille peu.

Dans les quelques travaux, avec une écriture sèche , irrégulière et pas toujours lisible, Louis ne semble pas capable de remobiliser des connaissances élémentaires telles que les verbes du 1er et 2ème groupes au présent.

La maîtresse l'observe à la dérobée:

Louis regarde le plafond pendant les maths ou par la fenêtre en français .

Alors la maîtresse le hèle :

" Louis, tu es dans la Lune, il faut atterrir! "

Louis  sourit gentiment à sa maîtresse : il en a toujours été ainsi durant toute sa scolarité.

Pourquoi ne le laisse-t-elle pas poursuivre son grand sommeil ?

Et puis, ce jeudi à 8h47, elle découvre que le cahier du matin de Louis se noircit à vue d'oeil.

Avec son autorisation, elle y jette un œil et elle découvre avec stupéfaction un long texte, une histoire composée de plusieurs chapitres. Une histoire de chevalier qui chasse les dragons. Un chevalier malin qui finit toujours vainqueur de ses combats contre les monstres grâce à des objets. Un texte digne d'un CM2 de début d'année avec une jolie écriture ronde . Un texte qui jure avec le travail fait en classe.

Alors la maîtresse s'étonne. Avec emphase. Comme d'habitude quand elle veut provoquer un choc positif:

" Mais je ne comprends pas Louis ! Ce travail est magnifique! Quelle belle écriture! Et l'orthographe est bien, très peu d'erreurs,juste parce que tu n'as pas relu. on voit que tu sais écrire pas mal de mots, tu as du vocabulaire, peu d'erreurs de conjugaison! Rien à voir avec tes exercices! Moi quand je regarde tes cahiers, je me dis que tu es en difficulté. Quand je regarde ton cahier du matin, je me dis que Louis a un bon niveau en français, il sait faire plein de choses!"

Louis se tortille.

La maîtresse trouve que ce texte tombe pile poil dans sa programmation;

elle demande à Louis l'autorisation d'utiliser son grand texte pour le travail de classe :

Le texte est tapé et

les élèves devront conjuguer

les verbes entre parenthèses au présent.

 

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30 septembre 2013

Eléanor

Ce mardi matin, la maîtresse effectue quelques changements de places salutaires :

entre les impénitents bavards, ceux qui savent pas chuchoter,

les élèves qui ont besoin d'un voisin plutôt calé et

ceux qui s'entendent comme chien et chat , la chose n'est pas si simple...

Eléanor , elle, demande à ne plus être à côté de sa grande copine, Juliette.

Mais que se passe-il donc !

- Elle me parle, explique Eléanor

- Et que te dit-elle, cette Juliette? questionne la maîtresse en observant

du coin de l'oeil la fameuse Juliette qui ne semble pas prendre la mouche.

- Elle me fait des remarques. Par exemple, en français  elle m'a  dit d'écrire sur la page gauche et pas sur la page droite.

- Et il fallait écrire sur la page gauche ou la page droite?

- La gauche.

- Donc elle te faisait une remarque intéressant pour ton travail?

- heu...oui...

- Et tu veux que je te change de place alors que ta voisine peut t'aider quand tu flânes ou quand tu n'as pas entendu la consigne ?

La maîtresse voit Eléanor s'effondrer

au fond de la classe, de grosses larmes

sortant de ses si jolis yeux

- Pleure , lui dit-elle, pleure ,

ça fait du bien de pleurer,

on en reparle tout à l'heure.

A 11h25, elle vient voir la miss

"Je suis très sensible! explique la demoiselle.

L'année dernière la maîtresse elle disait qu'on était une classe de nullards.

Quand j'avais une mauvaise note, elle demandait aux autres d'applaudir

- Oui mais Eléanor tu vois bien que cette année est différente! Peut être que quand Juliette te fait une remarque, peut être que tu te rends compte que tu n'as pas fait comme il fallait et que tu te sens nulle...

La miss acquiesce.

- Maintenant il faut voir les belles choses en toi, il faut regarder tout le travail que tu sais faire en classe et ce que tu ne sais pas encore faire . Il va falloir effacer tous ces sentiments négatifs sur toi......

Bien sûr, il faudra écouter en classe au lieu de faire des petites fleurs en papier pendant les exercices.

 

Eléanor va devoir acquérir davantage de confiance en elle.

 

 

25 septembre 2013

1ère séance de théâtre

1ère séance de théâtre.

1ers bonheurs pour les uns,

1ers émois pour les autres, les timides de la classe.

La maîtresse les pousse, un peu, et hop, les voilà sur scène .

La consigne:

se présenter en se mettant en scène.

Beaucoup d'idées, une maîtresse qui rit, qui s'émeut

de les voir si créatifs :

4 copains se rencontrent dans une bibliothèque

un papa qui présente son enfant

une collision entre 4 filles qui en perdent leur latin,

3 danseuses qui se présentent les unes  les autres,

2 garçons évoquant leurs passions.

Nouveauté dans sa classe laboratoire

avec la mise en route du théâtre dès le début d'année

afin de bénéficier de cet outil extraordinaire

sur les grands timides ( nombreux cette année ),

pour des répercussions positives dans les apprentissages.

 

 

23 septembre 2013

illusions brisées

  Dans le texte, 1er texte étudié,

 pas à pas pour élucider

 les stratégies de lecture.

 Et puis la maîtresse s'arrête sur une phrase :

 " Conseiller ça ou écrire au Père Noël ça revenait au même".

 On explicite, on discute, on replace la phrase dans son contexte.

Soudain un hurlement retentit:

"c'est la 1ere fois qu'une maîtresse dit que le Père Noël n'exite pas !"

Coup de chaud sur l'échine de la maîtresse qui conserve

de mauvais souvenirs de récriminations de parents

au sujet de ce qui a pu se dire en classe,

de ce qui aurait dû se dire en aparté.

" Mais moi je discute avec vous à partir du texte :

Qu'est-ce qui est écrit dans le texte?

Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'auteur."

Louis marmonne des propos que le voisin rapporte à voix haute:

Il a appris que le père Noël n'existait pas il y a seulement deux jours .

Matéo ajoute : "Moi je ne savais pas qu'il n'existait pas".

En écoutant leurs histoires écrites dans le cahier du matin,

la maîtresse sentait déjà que dans ces grands élèves battaient des petits coeurs !


 

19 septembre 2013

chanson

Eléanor a envoûté la classe en interprétant à capela une magnifique chanson .

ça a donné des idées à Ludovic

qui décide d'écrire une chanson.

Un poème qui pourra être mis en musique.

un enfant qui découvre un oiseau magique

et le soigne.

Avec un refrain pour rêveur.

Et puis l'oiseau, un jour,

disparaît ne lui laissant qu'une plume.

La maman de Ludovic avait dit, en réunion, 

que son fils se souvenait très bien de son passage, l'an passé, dans la classe de la maîtresse:

                             "ça a été une révélation! "

Depuis , Ludovic écrit toujours  à la maison.

- Moi je me souviens très bien de lui. Il avait réveillé mes élèves .

Il avait écrit des textes d'une grande poésie.

Et à la maman de préciser:

        

                    "ça a été une rencontre entre lui et vous."

 

 Vous ne voyez pas derrière votre écran,

mais il y a un sourire ineffaçable sur les lèvres de cette maîtresse,

il y aura, pendant quelques jours,

                                                  un soleil dans tous ses mots,

                                                                             des étoiles dans ses yeux.

 

 

 

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14 septembre 2013

GRAND ORAL

La réunion parents-professeur

s'est prolongée jusque tard dans la soirée. Les parents étaient toujours assis

lorsque les lumières de l'école se sont éteintes.

Seule, la classe brillait comme un falot, tenu à bout de bras par la maîtresse.

Les parents  semblaient convaincus par les dictées quotidiennes,

la grammaire à partir de textes d'élèves.

Ils ont souri quand elle a comparé sa classe à un grand laboratoire,

acquiescé quant à la place donnée aux productions d'écrits ,

ri au récit de quelques anecdotes de classe.

Entre la présentations des cahiers, ses rituels singuliers,

les évaluations courtes, les lectures, certaines obligatoires , d'autres libres,

la fabrication de jeux au statut d'exercice, les arguments de la maîtresse sont précis et justes (elle y tient).

Ils acceptent l'idée que les élèves rentrent à la maison en racontant qu'ils ont joué en classe,

 qu'une maîtresse bouleverse sa programmation

si un évènement, un texte, des propos lui permet de dérouler le tapis d'une notion.

Elle a décrit ses-va et-vient entre les manuels scolaire et les textes d'élèves

pour que les activités de classe prennent du sens;

ses cheminements entre la contextualisation et la décontextualisation

pour motiver les élèves et les emmener vers plus d'abstraction.

 La maman d'Hippolyte pense que son fils "sera bien dans cette classe "

et la maman de Camille " aime la liberté qu'ils ont ".

La maîtresse est rassurée : ses méthodes étonnantes n'effraient pas les parents.

 

Elle va pouvoir travailler sereinement.


 

11 septembre 2013

Nicolas boude

 

- Parce que les autres trichent, explique-il à la maîtresse

qui traversait la joyeuse cour jusqu'à la photocopieuse.

- Bein tu pourrais leur dire que tu es fâché.

Le tricheur en question c'est Emmanuelle.

En classe, la maîtresse questionne les protagonistes.

- On jouait à chat et Emmanuelle, elle trichait, répond Nicolas à la maîtresse.

- Non, pas à moi!  Adresse-toi à Emmanuelle!

- On jouait à chat et tu trichais.

- bein non j'ai pas triché!

- Si, elle a triché, elle est allée sous les arbres et on avait dit qu'on n'avait pas le droit.

- A elle, Nicolas! Pas à moi!

- Tu es allée sous les arbres et on n'a pas le droit. Moi je ne pouvais plus t'attrapper.

- Je n'ai pas fait attention, maîtresse!

- A lui,  pas à moi!

- Désolée, Nicolas, je n'ai pas fait attention.

 

Un moment précieux.

Une parole libérée.

Une communication efficace.

Des enfants apaisés et disponibles pour la classe.

Une expérience à renouveler!

 

 

8 septembre 2013

Ludovic and co.

 

 

Ludovic  se souvenait de son passage ds la classe de la maîtresse.

Il semblait n'attendre que d´arriver ici

pour laisser courir, à nouveau, sa plume.

Dans ce cahier d'écrivain,

appelé pudiquement cahier du matin,

Ludovic a débuté une histoire de dragons,

de princesse à sauver, d'une ville à libérer.

Une formulation à couper le souffle,

du vocabulaire étonnant pour un enfant.

Ludovic est une star naissante.

Attention à ne pas le laisser occuper tout l'espace...

Et va-t-il réussir à mettre en appétit ses camarades?

 

" Ce  cahier, c'est  un peu comme un psychologue! a avancé Eliot.

- Oui, tu as raison. Une année, il y avait une petite fille qui n'arrivait pas à travailler

à cause d'un terrible cauchemar. Et puis elle a dessiné ce cauchemar, et 

ça lui a fait du bien. Elle a pu se remettre au travail."

Mais comment Eliot, connaît-il les psychologues?

" Je faisais des cauchemars l'année dernière."

Les parents d'Eliot ont fait des pieds et des mains

pour que leur enfant ne soit pas cette classe.

Eliot , un élève à tenir, paraît-il, d'une main de fer.

Un élève qui fait des bêtises en classe, d'après un camarade.

Mais ce sont souvent les mots des enseignants qu'on trouve dans la bouche des élèves.

La maman d'Eliot que la maîtresse a senti au bord des larmes.

La maîtresse fait confiance aux signaux qu'elle croit recevoir des autres.

Elle sait qu'elle les perçoit , la plupart du temps, avec justesse.

 La maîtresse sait qu'elle a travaillé si longtemps sur ses propres émotions,

elle a rencontré si souvent la petite fille, qu'elle a été,

qu'elle imagine moins ses propres émotions sur le visage des autres .

Elle se perd moins dans ses projections.

Plusieurs RDV ont été fixés: entre dysgraphie ou dyslexie,

trouble dont souffrait  Albert Einstein

elle attendra aussi la maman d'Eliot.

 

3 septembre 2013

Nouvelle rentrée


Une rentrée sage et sans éclats.

La maîtresse a capté quelques sourires d'enfants.

Quelques remerciements quand elle a invité les parents à entrer dans la classe.

Quelques étonnements devant le tableau numérique

qui lui avait arraché 2 ou 3 jurons durant l'été.

 

Quelques élèves en qui elle souhaite voir frémir les bases de l'estime de soi.

Des bouilles d'anges. Le fameux ludovic.

Des cerveaux à rassurer :

La maîtresse connaît ses prédécesseurs comptant deux essoreuses à cerveaux!

Quelques commentaires :

"J'aime bien les maths aujourd'hui  parce que c'est facile."

"Les évaluations alors c'est juste pour savoir si on sait ou si on sait pas!".

"C'est des jeux pour apprendre ?"

Des petits " OUAIS"  distillés dans la journée, en écho aux :

"On fera du théâtre". "On fabriquera des jeux".

"Je vais vous lire un poème". "Attention! J'allume le tableau numérique!"

Quelques réponses :

"C'est facile parce que tu as utilisé un outil: le tableau de numération.

En l'utilisant tu apprends. Un jour, tu n'en auras plus besoin"

" C'est ça. Si tu rates une évaluation, tu t'entraînes à nouveau,

encore une fois ou deux. Ensuite, tu refais ton évaluation."

Plusieurs parents qui souhaitent un RDV.

Une maman qu'elle a senti au bord des larmes :

" Pour parler d'un problème, l'année précédente. Non pas au niveau du comportement.

Un problème entre l'enseignante, l'enfant et les parents"

Un enfant qui sort de chez celle qui s'en est prise à la maîtresse

(fichtre! Au diable cette sensiblerie!).

Celle à qui on donne des élèves avec un sentiment de sacrifice:

"lesquels seront assez costauds

pour survivre à un passage dans sa moulinette?"

Celle que, dans quelques jours, la maîtresse dénoncera ainsi

car tout silence est connivence.

 

Demain, au-dessus des copies,  elle fera la somme, entre math et français,

de ceux qui auront besoin d'être accompagnés dans les prochains jours .

 

Ce soir elle a écouté le récit de rentrée de sa BellôBôBidon et

    de son louloufoufou (dans la classe voisine!)

 Demain matin, ce sera au tour de sa bellâme de 13 ans.

Quelle fierté!

 

 

2 septembre 2013

pessimisme

La classe a effectué 2 représentations avant le grand soir, 2 spectacles devant des classes de collègues.

2 petits galops d'essais à valeur de répétitions au bilan  mitigé:

Outre le gros souci des bavardages de coulisses,

les commentaires des collègues tournaient autour

de tout ce qui dysfonctionnait dans cette troupe d'amateurs.

Commentaires clos par "Mais sinon c'était bien"!

De retour en classe, Cyrielle fit remarquer : ils ont parlé que de ce qui n'allait pas.

La maîtresse n'a aucune prétention théâtrale. Les élèves se sont bien amusés,Optimisme

ils ont lu, émis des hypothèses, relu pour vérifier, réfléchi, réajusté, organisé.

Ils ont pris le risque de s'exposer.

Un joli travail au bout du compte.

Mais la maîtresse ne comprend pas ce pessimisme.

Sa fille, collégienne en goguette, a beaucoup ri lors des répétitions,

l'enthousiasme des élèves laissait présager un moment festif,

les spectateurs semblaient se réjouir.

La maîtresse fait du théâtre en dilettante, elle ne mène pas une véritable troupe.

Elle, qui ne craint plus d'exprimer ses enthousiasmes en classe,

 aimerait plus d'optimisme, plus de sourires, plus de bienveillance.

.http://www.apwn.fr/wp-content/uploads/2011/03/optimisme.jpg

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