Jonathan et les tigres
Jonathan a écrit une histoire dans son cahier du matin.
Jonathan progresse quant à l'énonciation, il écoute les objections de la maîtresse,
opte pour le passé simple, choisit ses mots désormais plus précis,
peaufine ses textes matin après matin.
Jonathan a écrit une histoire et demande la parole pour la lire à la classe.
Une histoire cruelle selon Hélène et Elsa.
Une métaphore peut-être pense la maîtresse:
Un papa tigre blesse accidentellement
son bébé qui jouait au-dessus de lui,
dans les arbres.
La mère est si fachée qu'elle mord
son tigre de mari. Celui-ci meurt
des suites de ses blessures
ainsi que son fils.
L'histoire évoque-t-elle l'amour maternel
qui suplante tout ?
Parle-t-elle des blessures de l'âme ?
Des maladresses de parents ? Des déchirures du couple parental?
Une histoire qui parle de la cruauté de la vie.
Alors si la laideur fait naître des histoires,
remettant en jeu les connaissances grammaticales,
cela permet aussi de transfigurer, de transcender la réalité.
La maîtresse leur parle des fables : "En vrai, ça ne parle pas des animaux".
Les élèves sont rôdés et clairvoyants:
"Bein non! L'histoire parle de nos parents"
Et d'aucuns d'expliquer les coups de griffes...