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brèves de classe
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29 novembre 2013

liberté

La maîtresse a toujours détesté ces couloirs d'écoles tapissés 

de photocopies d'oeuvres" à la manière de",

tous les enfants reproduisant le même travail à la chaîne.


Dès l'I.U.F.M., elle savait qu'elle ne voulait pas de ça.

Elle a questionné sa tutrice de mémoire qui lui a parlé ainsi:

"Utilise la technique de l'artiste mais laisse leur le choix du sujet."

Elle aime les oeuvres "à la manière des pointillistes" avec les points

mais représentant un chat ou un cheval, un dragon ou une princesse un peu fée,

des parents étranges, une voiture qui vole ....

Elle aime retrouver, sous les volutes

"à la manière de Vincent Van Gogh", des sujets variés.

Alors en  début d'année, elle sourit aux

"j'ai le droit de faire ci? J'ai le droit de faire ça? ",

un sourire qui dit  OUI !

Un oui qui énonce à pas feutrés :

" Libère toi des entraves du conformisme,

de la pensée unique, du bien pensé, bien vu.

refuse d'entrer dans le moule

tout en respectant le contrat social

Explore ce qui t'habite, use de ton droit premier :

    ta liberté."

La maîtresse a aimé toutes ces dernières semaines,

criblées d'évaluations, livrets prochains obliges,

elle a aimé ses élèves   si créatifs,

             si passionnés,

                                si libres....

 

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27 novembre 2013

des petits!!!

Tiens! Deux minus entrent dans la classe ce matin:

Une maîtresse absente a laissé la surprise sur le pas de la porte,

une collègue nouvellement nommée. Une débutante qui aime rire en classe avec ses élèves,

une maîtresse qui veut partir des préoccupations de ses élèves. Une collègue à qui  la maîtresse a suggéré,

mine de rien, quelques pistes. Des petites choses dont elle s'est emparée, sans rien laissé paraître.

Deux petits de 6 ou 7 ans . La maîtresse se souvient...

Elle aime les petits. Elle aime leur sourire, leur naïveté, leurs yeux étonnés

sur un monde tout neuf, les mots innocents, l'enfance éclatante de beauté.

Elle aime aussi deviner l'adulte en devenir dans les yeux de ses grands élèves.

Alors à 11 h elle lance les petits sur la piste du texte libre autour de leurs dessins..

L'un s'emballe :

"J'ai dessiné une mémé qui se promene dans la rue et puis il y a des méchants.

Elle sort un pistolet et elle tire."

Le petit lève les yeux, étonné devant le sourire de cette maîtresse.

Quand on met la phonétique au service de l´imaginaire, quand on les laisse libres d'explorer les mots et les sons pour laisser une trace,une histoire: il ne faut pas s'étonner  de voir surgir un peu de violence, pour permettre à l'élan vital de s'ancrer dans la phonétique.

La petite dessine une maison avec des fenêtres qui s'ouvrent avec pliage et collage

(" c'est enfant qui m'a montré comment faire alors j'ai voulu faire pareil ") ,

puis deux coeurs sur une feuille pliée en 4:

" pourquoi y a-t-il des traits dessus?demande la maîtresse curieuse .

- Parce qu'ils sont en prison.

- Pourquoi?

- Parce qu'ils ont fait des bêtises.

La maîtresse se souvient, alors qu'elle effectuait un remplacement, du maître avait vu

les productions d'écrit faits avec la remplaçante et lui avait précisé qu'à son retour

il faudrait canaliser toute cette énergie...

Elle se souvient de cette maman qui avait remercié chaleureusement

cette remplaçante pour avoir aidé son fils à aimer l'école....

 

Elle se souvient de ses petits, il y a 5 ans, lorsqu'elle décida,

sans le savoir elle-même encore à l'époque,

de prendre un virage en épingle avec ses 5 premières années

de sa carrière de maîtresse, elle se souvient qu'elle avait oublié

combien elle aimait les petits de cycle 2....

L'an prochain, cher Père Noël, la maîtresse voudrait à la fois

des petits et des grands dans sa classe...

Pour ne pas avoir à choisir, pour ne pas avoir à renoncer...

11 novembre 2013

Retour de vacances de la toussaint

Hypolyte est pâlichon en ce lundi de rentrée.

99-eleve-zoom-sur-les-troubles-de-lapprentissage_thumb

Il demande à aller aux toilettes et en revient avec une tête horrible:

il a vomi tout son déjeuner.

La maîtresse se souvient d'un scénario identique le 1er jour de rentrée

de septembre. Plusieurs demies-journées d'absences suivirent.

Après avoir questionné sur un éventuel stress (que nenni) , suspectant une gastro,

elle finit par appeler sa maman qui vient le chercher à 9h10.

Pile poil quand la classe part mettre en scène.

La maman explique qu'il était heureux de revenir en classe, qu'il lui est arrivé la

même chose pendant ces dernières vacances autour d'une fête chez un copain:

Heureux d'y aller et il avait finalement  annulé après avoir vomi.

La maman promet de le ramener à l'école pour l'après midi.

A 13 h30, la maîtresse a quelques mots pour Hypolyte:

" Je crois qu'il y a du stress derrière tout ça! "

Hypolyte secoue négativement la tête avec énergie.

Mais la maîtresse sait bien que les grands de l'école sont en train de se construire une cuirasse,

ils ont perdu la naïveté des petits, ils n'ont pas toujours accès à ce qui les habite.

Avec les grands, il faut emprunter des chemins détournés : proposer de parler du stress

au dessus des histoires écrites le matin, en arts visuels,  à partir des personnages littéraires.

Encore faut-il que l'enfant soit d'accord pour suivre l'adulte. Dans le cas contraire, la maîtresse doit renoncer.

 

"On discutera durant les prochaines semaines! De plus, insiste la maîtresse qui opère

son 1er turn over de l'année, ce matin au théâtre on a travaillé sur les émotions.

Et parfois, quand on a une émotion forte, comme le stress,ça contracte l'estomac et

on vomit.Parfois. Je crois que c'est important pour toi le travail sur les émotions

au théâtre car les absences d'après chaque période de vacances vont poser problème

pour tes apprentissages en classe".

8 novembre 2013

En septembre

 

A la fin de sa réunion, la maîtresse a lancé un " on se voit ? " à la maman d'Eliot

La maîtresse voulait comprendre:AFemme-triste-HATC1-385x308

Elle a regardé

cette grande et belle femme s'asseoir...

Elle a senti qu'elle pourrait pleurer.

Mais ça n'effraie plus la maîtresse, 

les larmes des autres.

Une maman qui, en juin, ne voulait pas

que son fils soit dans cette classe.

Car, Eliot est, aurait-elle dit au téléphone,

un élève tumultueux, à tenir d'une main de fer.

Alors la maman a raconté, à mots couverts, l'année passée chez la collègue.

Une année faite de vexations, d'humiliations de la part de l'adulte.

Une année faite des larmes, de cauchemars, de peurs, de maux de ventre.

La maman a parlé de la psychologue qu'Eliot a eu la chance de rencontrer.

La maîtresse l'a rassurée : " Cette année sera différente."

Sa classe est, pour certains, un lieu de convalescence ....

Peu à peu la maman a libéré la parole; Elle a presque tout dit.

Le tremblement des lèvres disait combien tous ces mots la blessaient .

Tous les mots prononcés l'an passé à l'encontre de son fils.

La maîtresse a compris pourquoi certains parents n'osaient lutter contre les humiliations,

pourquoi les parents de Marc ont tu les persécutions:

la peur des représailles dans le lieu clos de la classe.

La maman a dans son sac une bombe (juste la vérité qui pourrait éclater)

La maîtresse a révélé son rdv planifié avec l'inspecteur,

elle a dit que les dossiers,même explosifs,devaient être transmis

pour que plus personne ignore les larmes des enfants pétris par les adultes.

La maîtresse a entendu un silence. Elle a voulu savoir.

Pourquoi cette maman ne voulait-elle voir son fils dans sa classe ?

En juin,on aurait rapporté à Eliot et à ses parents que "la maîtresse était méchante ."

La maîtresse sait combien les élèves sont fidèles à leur instit,sa collègue.

Elle sait que ces paroles ne viennent pas des enfants.

Elle prend conscience que cette collègue parle dans son dos.

Qu'importe: le sourire de ses élèves suffit à rétablir toutes les vérités 

que, seules, les jalousies peuvent tenter d'éroder.

Mais la maîtresse a poursuivi , elle est allé au delà des apparences,

elle a parlé d'un travail pour elle, la maman.

ce n'est pas que cette histoire terrifiante qui explique cette fragilité .

" Votre fils ne risque rien cette année...Cette fragilité, ça me rappelle moi, il y a quelques temps, quand j'emmenais ma fille chez la psy. Nous, les parents, nous voulons les protéger nos mômes et on ne réussit pas toujours. On voudrait être tout puissant contre le mal . Quand on n'a pas réussi à leur épargner cette souffrance on se sent coupable. Mais ça réveille des culpabilités plus anciennes..."

La maman sourit. elle accepte ses mots,  elle parle d'un travail .

Oui, certainement. Un travail à terminer

 

 

 

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