novembre
Un début d'année haut en couleurs !
28 élèves à ce jour!
( Mme la Ministre , 28 - 4 seulement me permettraient de balayer les programmes
en y mettant moins d' énergie,
plus de sérénité,
plus d' efficacité!
Ne serait-ce pas moins coûteux qu'un changement de programme? )
Certains avaient émis le vœu, à voix haute, de finir la primaire dans ma classe.
Des élèves pourtant surpris, en septembre, des espaces de la liberté qu'ils y trouvent.
Le plaisir d'être en classe influe sur le désir d'apprendre.
Certains qui abusent en novembre ( 28 se battent ces espaces de parole ),
qui finalement me conduisent à la sanction bête et méchante:
tu copieras 20 fois la règle n°3 ( "Je dois lever le doigt pour prendre la parole en classe") pour ceux qui "oublient".
Imaginez des routes sans règles ni de sanctions ! Finalement, pour le bien de tous, je sanctionne tout court!
En septembre, les élèves se cachent devant les 1ères erreurs, ce à quoi la maîtresse précise :
" Moi je ne dis jamais faute mais erreur" .
Misss Clélia a fait des erreurs, alors Clélia rit quand la maîtresse lui demande,
pour la 4ème fois depuis la rentrée, sa stratégie
pour comparer des grands nombres .Clélia rit et se souvient
qu'il ne faut pas compter le nombre de zéros mais le nombre de chiffres.
Dédramatiser l'erreur, dé-construire le travail de sape, souvent à son insu, de l'école française.
les mettre dans une dynamique d'apprentissage:
"ceux qui ont mal orthographié les mots, vous les réécrirez cinq fois.
Est ce que c'est une punition?
Mais alors pourquoi je vous demande ça?"
Mais en novembre ils savent que "C'est pour mémoriser ".
j'ai cessé de souffrir d'être une enseignante différente.
je pense ne plus souffrir du regard de certaines collègues ou de certains parents .
J'ai cessé de souffrir des maltraitances de l'éducation nationale à mon égard.
Je souffrirai peut-être en juin des cadeaux disproportionnés pour certains collègues:
c´est moins l'objet que la reconnaisse qui m'émeut .
je suis une fonctionnaire qui fonctionne aussi avec son cœur.
Mais cette reconnaissance je la devine dans le regard et le sourire des sixièmes ,
à leur manière joyeuse de m'apostropher.
Cette reconnaissance je l'entends clairement dans les mots de certains parents.
En novembre, les projets avec certaines collègues s'ébauchent.
On se parle, on se questionne, on met en commun:
la machine du désir qui se met en route !
Cette année, je n'ai pas cessé de chanter au-dessus de la photocopieuse!