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brèves de classe

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24 avril 2013

Elsa la petite souris

Elsa va mieux.

c'est le bilan de son bulletin.

Elsa et son papa sont dans la classe.

   Les apprentissages sont au goût du jour mais le gros souci reste

cette timidité. Même avec  sa maîtresse.

Malgré  quelques exhubérances pour montrer sa joie ,

Elsa est une girafe au coeur de souris.

La maîtresse s'inquiète toujours pour ces élèves empêtrés

dans la gêne et le malaise. Elle se dit que ceux-là n'ont pas les armes

pour riposter aux morsures de la vie.

Elsa ressemble tant à la maîtresse enfant!

Si elle pouvait, au moins, semer quelques graines pour l'avenir.

La maîtresse évoque cette timidité avec le papa lors de la remise du bulletin.

Le papa admet : Oui c'est un gros souci . Il y pense avec angoisse.

Non, Elsa refuse d'aller voir un psy . Comme sa grande sœur l'a fait!

Elsa ne veut pas lire ses poèmes en classe ni ses histoires.

ni même les montrer à la maîtresse .

La maîtresse explique qu'elle a toujours respecté la distance d'Elsa.

Mais cela va changer un peu.

 Et puis aujourd'hui un mystère de la vie de classe:

Pour enrichir la production d'écrit, la maîtresse a exigé

l'ajout d'adjectifs aux groupes nominaux.

Quelques exemples à l'oral:

Tim propose "un poisson" qui devient "un poisson diabolique",

"un gentil poisson", "un poisson rouge", puis apparaît le nom commun " chat"

Elsa lève le doigt, évènement quasi exceptionnel 

qui n'échappe pas à la maîtresse, et offre :          

 " un chat timide"

Et même si le propos n'a rien d'inattenu,

la maîtresse en reste comme deux ronds de flan!

A 16h30, elle apostrophe Elsa:

"Dis donc ce chat timide,  quelle chouette idée d'histoire!

Mais ce chat c'est pas un peu toi?

 Tu pourrais l'écrire cette histoire!

Et je pourrais la lire?

Et puis, tu vois, si un jour tu acceptais de voir un ou une psychologue,

et bien tu pourrais lui montrer cette histoire

qui parle d'un petit chat timide mais qui parle aussi de toi...."

La petite acquiesce avec un grand sourire.

Elles en reparleront.

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20 avril 2013

Aurélie et Janelle

La maîtresse a effectué quelques changements de places ces dernières semaines:

Janelle  a quitté Noémie pour s'installer à côté d'Aurélie sur une rangée de trois tables .

Les filles sont, ensuite, venues demander à être toutes les deux et non trois.

La maîtresse connaît la propension de Janelle à fusionner.

La maîtresse l'a séparée de Noémie son amie depuis plusieurs années.

Des années avec beaucoup d'histoires au coeur d'une amitié complexe

une relation fusionnelle, souvent douloureuse avec une qui donnait des "coups"

et l'autre qui serrait les dents. Le coeur plein de doute :

"il y a des problèmes. Comme si c'était à cause de moi." Et Janelle qui venait parfois demander

à la maîtresse des explications sur le comportement de sa copine : " On dirait qu'elle ne m'aime pas."

Janelle essaie d'aller vers les autres mais "Noémie est toujours dans sa tête".

La maîtresse refuse d'isoler les deux nouvelles amies .

Aurélie et Janelle supplient la maîtresse, boudent puis se résignent.

Puis au gré des changements, les deux copines se retrouvent finalement toutes les deux.

Ce jeudi matin, Aurélie demandent l'autorisation de lire un poème écrit à deux :

L'histoire d'une fleur et de sa soeur, l'histoire d'un bonheur. Une séparation dûe à un joli coeur

et le chagrin de celle qui se retrouve seule.

Et puis la maîtresse leur demande si ça parle vraiment de fleurs,

"est-ceque ça ne parlerait pas de deux filles qui s'aiment beaucoup

et qui veulent rester toujours toutes les deux .

Tiens ça ne vous ressemblerait pas un peu?"

Les filles ne semblent pas comprendre.

10 mn plus tard, Aurélie propse une deuxième histoire : une histoires de deux amies,

l'une s'en va, l'autre est triste. Et puis la première revient et elles sont heureuses.

"On reste toujours sur le même thème" a remarqué la maîtresse qui agace les filles.

Elle se gardera ses vérités. Cette fois elle n'a pas trouvé preneur.

Peut-être juste un poème sur l'amitié. Un cadeau.

 

17 avril 2013

deux amis

IMG_7781Découverts par des yeux curieux :

deux amis, deux frères

blottis l'un contre l'autre

au fond d'une trousse.

IMG_7809bis

15 avril 2013

fragilité

A nouveaula douleur et le chagrin que ne peuvent effacer les rires des enfants,

les larmes mêlées aux pluies matinales.

 

Un lundi matin avec une Maryssa très vite insolente,

qui hurle " mais de tout façon tu me manques toujours de respect "

puis pleure à grands bruits.

La maîtresse ne peut pas affronter toutes les tempêtes,

celle de la maison, celle de classe;

elle refuse les accusations de l'enfant , celle de l'adulte.

Voilà , elle sait bien que les vilenies cachent du chagrin.

Parfois on ne peut pas aller contre la souffrance d'autrui. En tout cas aujourd'hui.

Elle n'est pas si solide. Fragile aujourd'hui.

Pourtant, il ne faut pas flancher...

14 avril 2013

les larmes de Jonathan

Jonathan a semblé bouleversé lorsque la maîtresse l'a changé de place.

Oui Jonathan est un bavard et cela insupporte la maîtresse au quotidien.

Jonathan a pris un air chiffoné, la maîtresse le sent au bord des larmes.

Son imagination lui joue-t-elle des tours ?

Elle le questionne en allant à la cantine puis au retour de classe.

Non pas de soucis en classe. Pas de soucis à la maison.

La maîtresse n'insistera plus. Il est des mystères insondables

qui dispaissent le jour suivant.

Et puis à la récréation de l'après-midi, Jonathan,

s'approche du bureau et fini par lâcher :

"c'est une histoire de fille!"

Jonathan se met à pleurer :

"J'ai peur qu'elle ne veuille pas de moi.

Comme l'an passé avec celle que j'aimais".

La maîtresse sent la gravité du propos.

L'amour est affaire des plus sérieuses.

Elle se souvient de ses chagrins.

Elle craint  ceux, tout proches, de ses enfants.

" L'amour c'est un risque. Si tu ne veux pas souffrir, Jonathan , tu te fais prêtre!"

Le sourire de Jonathan refleurit!

" Bein oui , aimer c'est prendre un risque.

La peur c'est aussi quelque chose qui protège:

quand tu croises un affreux molosse, tu as peur et tu cours.

Après, la peur de l'amour ça dure toute la vie.

Mais bon si tu pleures avant de savoir si elle t'aime!!!

Et puis voilà, le jour où tu as un chagrin d'amour,

là tu as de vraies larmes mais après tu retournes aux choses de la vie.

et puis un jour tu aimes à nouveau..."

Non , la maîtresse n'a pas demandé le nom de la dulcinée

comme l'avaient suggéré ses deux collègues.

C'est sa vie secrète.

Et puis elle voit leurs galops dans la cour,

les silences rieurs dans la classe, les fous-rires des filles.

Dès février c'est le printemps dans le coeur des grands de l'école.

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12 avril 2013

le secret de Marysa

Marysa pleurait encore ce matin! Elle pleure presque tous les jours  et les pleurs durent.

Après avoir usé de toutes ses armes, la maîtresse lui parle fermement, avec dureté :

"je te parle comme ça , je peux paraître dure mais je pense que c'est nécessaire, ton travail en pâtit ,

je ne retrouve plus l'excellente élève du 1er trimestre.

Je ne peux pas passer la journée à dire te dire -  pauvre Marysa. Tu es d'accord ?"

Marysa vit dans un milieu défavorisé. Un défi dans cette ville de la bougeoisie provinciale digne de Chabrol.

La maîtresse sait que l'école est une chance pour elle. Tout spécialement pour elle.

La maîtresse sait aussi que toutes les discussions, les feuilles noircies n'ont abouti à rien.

La maîtresse n'entend pas ce qui se dit avec insistance derrière son discours de victime.

Ecrire son chagrin ne l'a pas aidée.

La maîtresse se sent impuissante. Voilà déjà de quoi l'exaspérer!

La maîtresse a haussé le ton et elle a pris la place des élèves dans les textes de Marysa :

Avant elle écrivait " Je suis triste parce que Jeanne m'a jetée pour le travail à plusieurs."

maintenant c'est " Je suis triste parce que la maîtresse me crie sur moi etc."

Vers 9h30 la maîtresse retrouve Marysa sous la table. De grosses larmes sur les joues.

Subitement,  une idée s'impose :

"Bon tiens , je te donne une feuille et tu dessines mais écoute bien:  tu dessines un animal".

Et puis elle retourne à sa conjugaison.

15 minute plus tard elle s'approche de Marysa . Sur la feuille un lapin et un chat . Un lapin et un chat tristes.

"Qu'est ce que tu as dessiné?

- un lapin et un chat.

- Ils ont l'air tristes!

- Ils sont tristes?

Marysa acquiesce.

-Mais pourquoi ils sont tristes?

- Parce que le frère du lapin les tape.

-  Le frère du lapin tape le chat et le lapin?

Son frère à lui ? poursuit la maîtresse en désignant le lapin.

Bon tu vas écrire tout ça sur cette deuxième feuille."

Puis après la correction des exercices de conjugaison, la maîtresse retourne vers Marysa :

- Marysa, en vrai tu te doutes bien qu'on ne parle pas d'un lapin ni d'un chat !

- Oui je sais!

- On parle de qui en vrai

- De moi.

-Oui c'est ça! Tu es en train de dire que ton frère te tape?

- Oui

- Comment te tapes-il?

- Il me donne des coups de poings et des coups de pieds.

- Mais c'est grave ça . Il n'a pas le droit.

Moi je le connais ton frère, je sais qu'il est capable de ça , je sais qu'il peut être violent.

Tu sais comment ça peut finir cette histoire?

- Oui je sais! papa lui a dit que s'il me tapait trop fort, il pourrait me tuer.

- C'est vrai , je ne serais jamais aller jusqu'à te dire cela mais oui c'est vrai. Mais tu pourrais te retrouver à l'hôpital!

Marysa accepte mal la décision de la maîtresse de prendre rdv avec ses parents.

Rencontrera-t-elle le papa peu familier avec le monde de l'école?

Aucune chance de voir la maman qui ne quitte plus l'appartement depuis quelques années.

Elle a lancé quelques SOS et elle attend de voir dans quel sens tourne le vent.

7 avril 2013

Elsa

Elsa va beaucoup mieux.

Le sourire adressé aux copines

est ramené à la maison.

Elsa va beaucoup mieux et

la maîtresse pousse la demoiselle à lire ses poèmes.

Ceux dont le papa parlait à la maîtresse.

Mais Elsa est une petite souris qui garde bien ses secrets!

Elsa va mieux et la maîtresse rit de ses exhubérances.

Elsa va mieux et les copines , autour d'elle en classe,

que la maîtresse avait acceptées,

les bavardages et rires étouffés en classe

n'ont plus de raison d'être.

Le travail d'Elsa vacille un peu, alors la maîtresse enlève la béquille :

La mîtresse explique  cela au papa d'Elsa et

éparpille les filles dans la classe.

Ce qui importe désormais c'est le programme .

Elsa va mieux et elle a dit " oui " aujourd'hui ,

oui à un autre chat, oui à la vie alors qu'elle secouait encore la tête  il y a quelques semaines,

lorsque la maîtresse avait dit " un jour. Un autre chat"

Elsa va accueillir une petite chatte à la maîson.

Elsa va mieux et dans la cour de récréation cela se sait : les filles papottent et se répartissent les rôles :

" Tu viendras chez moi durant les vacances, elle sera là

- Moi je serai sa maraine !

- Et moi sa tante!"

La maîtresse sourit à Elsa qui sourit à la vie.

 

6 avril 2013

Questionnement autour de Marysa

Lundi

Marysa  pleurait .

En octobre,

elle pleurait déjà.

Marysa oscille entre la peine et la colère;

dans ces moment là son travail est dévasté.

 "ELouan à dit à tout le monde

que j'ai jeté la table par terre!

- Oui et alors?

C'est bien ce qui c'est passé hier!

- Non, je ne l'ai pas pas fait tomber la table!

- Enfin bon, tu l'as poussée

si brutalement que c'était presque ça !

( Marysa acquiesce)

Après si on se moque de toi,

bein je ne peux rien pour toi,

c'est ton comportement

qui a provoqué les moqueries, non? "

Mais durant la journéela maîtresse tourne autour de Marisa

comme une abeille autour d'un pot de miel! Elle n'a pas dit tout ce qu'elle avait sur le cœur...

- Avec ta maîtresse de l'année dernière (une classe où on entend les mouches voler)

 tu n'as certainement pas osé faire ça j'imagine ?

 - Si si je l'ai fait

- Et elle t'a grondée? 

 - Heureusement qu'elle l'a fait"

Isaac le frère  de Marysa finissait souvent hors de la classe car hors de lui.

" Tu n'es pas ton frère.

Tu es une élève brillante,

ton orthographe est irréprochable, ton travail parfait

tu ne peux pas donner libre cours la colère, ça perturbe ton travail ."

En disant cela la maîtresse a des histoires d'enfants plein la tête :

de celles qui parlent, de ceux qui piétinent leur avenir.

Par souffrance. Par défaut de mots. Par manque de rigueur familiale.

Myriam c'est un fillette une famille défavorisée. Pour elle l'école est une chance;

De plus Marysa a la peau marron. Et quoi qu'on en dise , les personnes à la peau marron

vont rencontrer  plus d'obstacles dans leur vie.

 

La maîtresse attend la psychologue scolaire pour aider Marysa.

 

 

30 mars 2013

Jonathan et les tigres

Jonathan a écrit une histoire dans son cahier du matin.

Jonathan progresse quant à l'énonciation, il écoute les objections de la maîtresse,

opte pour le passé simple, choisit ses mots désormais plus précis,

peaufine ses textes matin après matin.

Jonathan a écrit une histoire et demande la parole pour la lire à la classe.

Une histoire cruelle selon Hélène et Elsa.

Une métaphore peut-être pense la maîtresse:

Un papa tigre blesse accidentellement

son bébé qui jouait au-dessus de lui,

dans les arbres.

La mère est si fachée qu'elle mord

son tigre de mari. Celui-ci meurt

des suites de ses blessures

ainsi que son fils.

L'histoire évoque-t-elle l'amour maternel

qui suplante tout ?

Parle-t-elle des blessures de l'âme ?

Des maladresses de parents ? Des déchirures du couple parental?

Une histoire qui parle de la cruauté de la vie.

Alors si la laideur fait naître des histoires,

remettant en jeu les connaissances grammaticales,

cela permet aussi de transfigurer, de transcender la réalité.

La maîtresse leur parle des fables : "En vrai, ça ne parle pas des animaux".

Les élèves sont rôdés et clairvoyants:

"Bein non! L'histoire parle de nos parents"

Et d'aucuns d'expliquer les coups de griffes...

 

 

11 mars 2013

stagiaire

La maîtresse a reçu  dans sa classe une petite stagiaire de 3ème.

Pile le jour des répétitions de la grande pièce de théâtre .

La maîtresse avait bien réfléchi, elle avait choisi un texte drôle qui a séduit ses élèves.

Elle a réfléchi sur la manière de faire participer tous avec des rôles sur le devant de la scène

et d'autres pour les plus timides mais réclamant leur part du gâteau.

La maîtresse avait travaillé la compréhension du texte, un peu de vocabulaire

et aujourd'hui des répétitions mélées aux rires, des disputes, aux bouderies de Marysa, aux cris des acteurs

- et un qui surpassait les autres , là c'est la maîtresse qui a crié " JE NE VEUX PAS DE PORTES QUI CLAQUENT!"-

un joyeux bazar productif ( la maîtresse s'en assure ) au rythme des enfants .

Une stagiaire aux yeux ronds et au grand sourire,

une stagiaire qui pose la question qui tue :

" Mais vous faites comment pour rester calme?"

Heu ...bah....ça lui a demandé du temps à la maitresse

pour accepter de ne plus être dans le contrôle total,

pour leur laisser de la liberté.

Elle se souvient de cette première fois, dans sa classe,

une séance de sciences avec des petits ce1, en petits groupes.

Elle se souvient du bruit , de son angoisse du travail non fait,

son désir de les remettre dans le mutisme.

Et puis son besoin de se soustraire au bruit .

Elle s'était éloignée de ses élèves, aussi loin que la salle le permettait.

Elle se souvient avoir croisé ses bras dans le dos, adosée au mur, un peu en retrait, devenue observatrice.

Ellle se rappelle les avoir entendu parler. Les élèves parlaient .

Les élèves parlaient du travail, ils s'activaient autour de l'activité.

Elle se souvient de quelques bavardages. Elle a fermé les yeux, c'est fonctionnel, c'est bon signe.

Elle aussi à l'école des maîtres elle bavardait avec ses copines au-dessus du travail .

Comment fait-elle pour rester calme?

Elle ne sait pas.

Elle est heureuse d'être en classe.

Elle est heureuse de transmettre ses outils, de voir évoluer leurs compétences.

Elle est heureuse . Un peu enfant  parmis les enfants.

 

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